LE CHÂTEAU DES MORTS-VIVANTS (1964)

Christopher Lee incarne un comte sinistre obsédé à l’idée de pratiquer sa passion de la taxidermie sur des spécimens humains…

IL CASTELLO DEI MORTI VIVI

 

1964 – ITALIE

 

Réalisé par Luciano Ricci et Lorenzo Sabatini

 

Avec Christopher Lee, Gaia Germani, Philippe Leroy, Mirko Valentin, Donald Sutherland, Renato Terra, Antonio de Martino

 

THEMA SUPER-VILAINS

Produit avec des capitaux franco-italiens par Paul Maslansky, le futur initiateur de la saga Police Academy, Le Château des morts-vivants porte un titre mensonger, car aucun cadavre ambulant n’y traîne la patte, ce qui ne l’empêche pas de multiplier les attraits aux yeux des fantasticophiles. Nous sommes dans l’Europe du début du 19ème siècle, au lendemain des guerres napoléoniennes. Une troupe d’artistes ambulants est invitée par le comte Drago (Christopher Lee) pour venir donner un spectacle privé. Dans le vaste château de leur hôte, les saltimbanques découvrent une multitude d’animaux empaillés. Le teint livide, les yeux cernés, le menton grignoté par un petit bouc, Drago leur fait part de sa passion pour la taxidermie : « ce que je cherche, c’est la suspension de la vie, le figeage de l’éternité ». L’aristocrate a en effet découvert une substance naturelle qui, lorsqu’elle est ingérée par un animal ou injecté sous son épiderme, le pétrifie totalement. Les artistes découvrent hélas que ces expériences d’embaumement ne se limitent pas aux animaux, Drago s’érigeant alors en psychopathe illuminé, sorte de variante taxidermiste de L’Homme au masque de cire.

Aux côtés de Christopher Lee et du couple vedette saupoudrant l’intrigue d’un soupçon de romance (le français Philippe Leroy-Beaulieu et l’italienne Gaia Germani), plusieurs personnages singuliers ponctuent le film de leur insolite présence, notamment Mirko Valentin sous la défroque d’un assistant disgracieux et ricanant et surtout un tout jeune Donald Sutherland dans un double rôle étonnant : un sergent pleutre et incompétent ainsi qu’une vieille femme excentrique aux allures de sorcière ! Le film bénéficie d’extraordinaires décors naturels à l’indéniable photogénie, notamment le château de Bracciano (qui accueillit également les tournages de Maciste en enfer et Chair pour Frankenstein) et le jardin de Bomarzo, hérissé de gigantesques statues aux allures d’animaux fantasques et de démons grimaçants.

Visions gothiques

Ces lieux sont magnifiés par les éclairages du chef opérateur Aldo Tonti, qui œuvra sous la direction de grands maestros tels que Rosselini, Visconti ou Fellini. L’ombre du gibet de théâtre qui se projette sinistrement sur les murs du château, l’ancienne bien-aimée du comte pétrifiée dans un lit abandonné aux toiles d’araignées, la silhouette monstrueuse de Hans massacrant un malheureux à coups de faux font partie des visions d’épouvante marquante ponctuant régulièrement ce long-métrage étonnant. Certes, la quête minutieuse d’une atmosphère horrifique cède largement le pas à la rigueur du scénario, comme souvent dans le cas des films gothiques produits en Italie dans les années 60, mais Le Château des morts-vivants s’en tire avec les honneurs, malgré une paternité difficile à déterminer précisément. Au générique, la réalisation est en effet signée Herbert Wise et Warren Kiefer (pseudonymes respectifs de Luciano Ricci et Lorenzo Sabatini), mais il semblerait que le scénariste Michael Reeves (futur réalisateur de La Créature invisible et du Grand inquisiteur) soit venu prêter main-forte au duo pour peaufiner cette œuvrette finalement très recommandable.

 

© Gilles Penso


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