MACISTE EN ENFER (1962)

Le valeureux héros mythologique se retrouve propulsé dans une histoire de sorcellerie située en plein 17ème siècle…

MACISTE ALL’INFERNO

 

1962 – ITALIE

 

Réalisé par Riccardo Freda

 

Avec Kirk Morris, Hélène Chanel, Vira Silenti, Andrea Bosic, Remo de Angelis, Angelo Zanolli, Charles Fawcett

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I MYTHOLOGIE

Malgré ce que peut laisser imaginer son titre, ce film n’est pas le remake du Maciste aux enfers réalisé en 1925 par Guido Brignone mais le détournement curieux d’une des figures les plus célèbres du péplum mythologique. Maciste en enfer démarre comme une classique histoire d’épouvante gothique, avec une sorcière condamnée, une malédiction ancestrale et un château hanté, bref un univers avec lequel Riccardo Freda est plutôt familiarisé (il signa notamment Les Vampires, L’Effroyable secret du Dr. Hichcock et Le Spectre du professeur Hichcock). L’intrigue de Maciste aux enfers prend d’abord place au milieu des années 1500. Promise au bûcher, une sorcière jette une malédiction sur les habitants d’un village écossais avant de trépasser. Un siècle plus tard, l’arbre auquel elle a été enchaînée est toujours debout et personne n’ose le détruire, tandis que le sort qu’elle a jeté persiste au fil des ans, forçant les femmes à se suicider. La descendante de cette sorcière, Martha Gunt (Vira Silenti) passe sa lune de miel dans un château de la région avec son époux Charly (Angelo Zanolli), mais elle est soudain arrêtée par les autorités et condamnée à son tour à être brûlée pour sorcellerie.

Brusquement, dans une scène particulièrement comique (au douzième degré), surgit à cheval un Maciste en petite tenue, qui semble s’être trompé de film et d’époque et qui prend fait et cause pour les personnages sans qu’on comprenne d’où il sort ni pourquoi il est là. Certes, Maciste contre les monstres avait transporté notre Musclor en pleine préhistoire, et dès lors nous aurions dû nous attendre à d’autres anachronismes du même acabit. Mais il faut avouer que l’intervention de cet émule d’Hercule en plein 17ème siècle a un caractère mi-surréaliste mi-burlesque du plus curieux effet. Lorsque Maciste déracine l’arbre maudit et se retrouve en enfer, nous retrouvons les délires colorés chers aux péplums des années 60 : décors en carton et polystyrène, effets pyrotechniques divers ou encore apparitions féminines aux larges décolletés. Visiblement atterré par les capacités d’acteur très limitées de Kirk Morris, interprète du massif Maciste, Freda supprime en cours de tournage une grande partie de ses dialogues pour le muer en colosse quasiment muet.

Les grimaces de Kirk Morris

Entre deux grimaces, Kirk Morris affronte donc deux serpents, un colosse barbu, un vautour, et même un troupeau de vaches (!). La mythologie reprend alors quelque peu ses droits lorsque Maciste fait la rencontre de Sisyphe et Prométhée, condamnés à des châtiments perpétuels par des dieux peu commode. En soulevant la pierre que le premier transporte inlassablement sur une butte capricieuse et en tuant l’aigle qui dévore sans cesse le foie du premier, il se fait deux alliés précieux. Alors que Prométhée juge bon de relater les exploits précédents du valeureux Maciste, une série de flash-backs nous le montre lutter contre un cyclope, des Égyptiens et des Mongols (via des extraits puisés dans la filmographie précédente du personnage, en un habile montage où Kirk Morris, en gros plan, s’insère dans les plans mettant en scène ses prédécesseurs). S’écartant des excès de certains films précédents de la série, Riccardo Freda évite le recours aux monstres caoutchouteux qui avaient notamment plombé l’épisode de Guido Malatesta et choisit même une vaste caverne naturelle pour filmer sa vision des enfers. Notre justicier aux gros bras sauve enfin tout le monde puis repart dans son Antiquité natale, tel Lucky Luke regagnant ses pénates au soleil couchant. Les voies du péplum sont parfois impénétrables…

 

© Gilles Penso


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