L’HOMME QUI TROMPAIT LA MORT (1959)

Un médecin a découvert la formule de l’immortalité… Mais ce secret nécessite le sacrifice de nombreuses vies

THE MAN WHO COULD CHEAT DEATH

 

1959 – GB

 

Réalisé par Terence Fisher

 

Avec Anton Diffring, Hazel Court, Christopher Lee, Arnold Marié, Delphi Lawrence, Francis De Wolff, Ronald Adam, Marie Burke

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE

Après une série de films d’épouvante aux succès planétaires (Frankenstein s’est échappé, Le Cauchemar de Dracula, La Malédiction des pharaons, Le Chien des Baskerville), Christopher Lee poursuivit activement sa collaboration avec le studio Hammer et le réalisateur Terence Fisher à l’occasion de L’Homme qui trompait la mort et cède cette fois le premier rôle à Anton Diffring, lequel tient ici un rôle prévu initialement pour Peter Cushing. Remake du Sérum de longue vie de Ralph Murphy qui adaptait déjà une pièce de théâtre de Barre Lyndon, le film est écrit par le très prolifique scénariste Jimmy Sangster. Nous sommes à Paris, en 1890. Dans un parc Monceau aussi brumeux que le Whitechapel londonien, un passant est agressé par un mystérieux individu équipé d’une trousse de médecin, façon Jack l’éventreur. Après ce prologue intriguant, nous prenons connaissance des principaux protagonistes du drame : le chirurgien réputé Georges Bonnet (Diffring) qui pratique la sculpture avec beaucoup de talent, son confère le docteur Pierre Gerrard (Lee), qui n’éprouve pas énormément de sympathie à son égard, et la belle Janine Dubois (Hazel Court) dont sont épris les deux hommes.

Excellent remplaçant du grand Cushing, avec lequel il partage le charisme, l’élégance et un profil de rapace, Diffring campe un personnage complexe. Car sous ses allures de dandy trentenaire, le médecin qu’il incarne cache bien son jeu. En effet, le soir venu, après avoir congédié tout le monde, le respectable chirurgien subit une étrange mutation. Ses yeux s’exorbitent et changent de couleur, des rides se creusent sur son visage, son faciès s’altère… Lorsque sa fiancée Margo Philippe (Delphi Lawrence) le surprend, il la tue sans scrupule. Ce n’est qu’en absorbant une potion secrète que ce Mister Hyde d’un nouveau genre redevient normal. Son secret nous est révélé en partie par le titre du film : avec l’aide du vieux professeur Ludwig Weiss (Arnold Marlé), il a en effet trouvé la formule de l’immortalité. Mais Ludwig craint que la motivation première de cette découverte ne se soit dissipée. « Pour l’humanité », clame-t-il, « pas pour vous ou pour moi, mais pour l’espoir d’un monde nouveau ».

« Pour l’humanité »

Aujourd’hui, Bonnet a 104 ans, mais sa formule de jouvence nécessite l’absorption régulière d’une substance chimique et le prélèvement tous les dix ans d’une glande sur une victime vivante. D’où les meurtres qui frappent son entourage, et sur lesquels enquête un policier interprété par Francis de Wolff (déjà vu dans Corridors of Blood et Le Chien des Baskerville). Christopher Lee campe ici son rôle habituel d’antagoniste, si ce n’est que cette fois ci il s’oppose aux forces du mal. Il est la voix de la raison, ce que confirment des allures bien moins menaçantes qu’à l’accoutumée. La moustache fine, le cheveu gominé, le costume impeccable, il s’offusque face aux expériences contre-nature de Bonnet et tente de l’empêcher de nuire. Le final nous offre le spectacle d’une métamorphose peu ragoûtante (la qualité toute relative du maquillage de Roy Ashton étant atténuée par l’efficacité de la mise en scène de Fisher) avant le traditionnel incendie ravageur et purificateur.

 

© Gilles Penso


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