DAYLIGHT (1996)

Suite à une monstrueuse explosion, un tunnel s’effondre et la vie d’une poignée de survivants ne tient qu’à un fil… Mais Sylvester Stallone est là !

DAYLIGHT

 

1996 – USA

 

Réalisé par Rob Cohen

 

Avec Sylvester Stallone, Amy Brenneman, Viggo Mortensen, Dan Hedaya, Jay O. Sanders, Karen Young, Claire Bloom, Vanessa Bell Calloway, Renoly Santiago

 

THEMA CATASTROPHES

Les années 1990 auront marqué la renaissance d’un genre cinématographique quasiment disparu depuis le début de la décennie précédente : le film catastrophe. Avec l’arrivée des effets spéciaux numériques et la redéfinition du cinéma d’action par les productions de Joel Silver, de nouveaux désastres à grande échelle recommencent à gagner les écrans. C’est ainsi que naît le projet Daylight, écrit par Leslie Bohem (House 3, Cavale sans issue) et confié au réalisateur Rob Cohen (qui vient de réaliser Dragon : l’histoire de Bruce Lee et Cœur de dragon). Pour tenir le rôle principal de son film, Cohen pense à Nicolas Cage. Mais la star de Leaving Las Vegas n’a pas encore montré son potentiel de héros de film d’action (Michael Bay s’apprête à le faire tourner dans The Rock) et le studio Universal préfère se tourner vers une valeur plus sûre en ce domaine, en l’occurrence Sylvester Stallone. Ce dernier, alors âgé de 49 ans, envisage d’abandonner progressivement les rôles « musclés », mais le scénario de Daylight le séduit et il accepte. « J’ai senti qu’il était temps pour moi de jouer un personnage un peu différent », nous confiait-il au moment de la sortie du film. « Pas un super-héros, mais un homme plus ordinaire, auquel on pourrait s’identifier plus facilement. Je ne rajeunis pas, et ce choix me paraît du coup plus crédible. » (1)

S’il sacrifie aux habitudes du genre qui consistent à nous présenter tous les acteurs du drame avant que survienne la catastrophe, Rob Cohen ne perd pas de temps. Il lui faut moins de dix minutes pour faire découvrir à ses spectateurs les futurs protagonistes de Daylight : une apprentie dramaturge qui vit dans un appartement insalubre (Amy Brenneman), une star des sports extrêmes (Viggo Mortensen), un couple âgé et son chien, un mari infidèle accompagné par son épouse et sa fille, les passagers d’un bus pénitentiaire (parmi lesquels on reconnaît Sage Stallone, le fils de Sylvester), les chauffeurs d’un convoi de camions transportant des déchets toxiques et trois malfrats qui viennent de voler une voiture et une valise pleine de pierres précieuses. Ces derniers zigzaguent à vive allure dans le tunnel qui relie Manhattan et le New Jersey pour échapper à la police, heurtent les camions transportant les fûts toxiques… et c’est la catastrophe.

« Ensemble, on peut tout faire ! »

La séquence de la monstrueuse déflagration dans le tunnel et des destructions qui s’ensuivent est extrêmement spectaculaire, concrétisée en grande partie grâce à un remarquable travail de maquettes et de pyrotechnie miniature. Le souffle de l’explosion et les dégâts titanesques qu’elle entraîne n’ont rien perdu de leur impact aujourd’hui. C’est là que Stallone entre en piste, dans le rôle de Kit Latura. Ancien chef du service médical d’urgence de la ville de New York tombé en disgrâce à cause d’un accident dont il fut jugé responsable, Kit est désormais chauffeur de taxi. Mais face à la catastrophe, ses anciens réflexes prennent le dessus et il se mue en sauveur de l’humanité. Daylight glorifie alors l’héroïsme ordinaire, ce qui est louable en soi, mais les méthodes qu’il emploie pour y parvenir manquent cruellement de subtilité (un défaut souvent imputable à Rob Cohen). D’où les envolées exagérément épiques de la musique de Randy Edelman, les répliques qui enfoncent les portes ouvertes (« Ensemble, on peut tout faire ! »), l’exacerbation du sens du sacrifice et de la rédemption, et même une grande statue de Jésus qui montre symboliquement un chemin vers le salut. Tous ces surlignements judéo-chrétiens, doublés de la séquence obligatoire du chien qu’il faut sauver, sont un peu exaspérants mais ne gâchent pas la qualité du spectacle. Les séquences de suspense originales (la traversée des ventilateurs géants), les destructions à échelle réelle filmées à Cinecitta et le parcours du combattant dans le tunnel immergé (qui évoque beaucoup L’Aventure du Poséidon) parviennent donc à tenir jusqu’au bout les spectateurs en haleine. De ce point de vue, la mission est accomplie. Pour le reste, il faudra attendre que James Cameron réinvente une bonne fois pour toutes le cinéma catastrophe quelques années plus tard.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 1996

 

© Gilles Penso


Partagez cet article