ALMIGHTY THOR (2011)

Pour concurrencer le Thor que prépare le studio Marvel, la mini-compagnie The Asylum propose sa propre version du mythe nordique…

ALMIGHTY THOR

 

2011 – USA

 

Réalisé par Christopher Olen Ray

 

Avec Cody Deal, Richard Grieco, Patricia Velasquez, Kevin Nash, Jess Allen, Chris Ivan Cevic, Rodney Wilson, Kristen Kerr, Charlie Glackin, Nicole Fox, Leslea Fisher

 

THEMA SUPER-HÉROS I HEROIC FANTASY

Christopher Olen Ray est le fils de Fred Olen Ray, grand spécialiste de films de genre racoleurs à tout petit budget (Scalps, Dinosaur Island, Evil Toons, Hollywood Chainsaw Hookers). Le gêne du cinéma bis étant visiblement héréditaire dans la famille Ray, son fils Christopher a fièrement repris le flambeau pour réaliser des œuvres du même acabit aux titres aussi imagés que Reptisaurus, Magaconda ou Mega Shark vs. Crocosaurus. Alors qu’il commence à se spécialiser dans les grosses bébêtes, il se voit confier par la compagnie The Asylum la réalisation d’une relecture des aventures du dieu nordique Thor. L’objectif avoué est de couper l’herbe sous le pied du studio Marvel en prévision de la sortie de son propre Thor. Armé d’un budget riquiqui de 200 000 dollars et d’un scénario minimaliste écrit par le spécialiste des plagiats low-cost Eric Forsberg (Alien Abduction, Snakes on a Train, 30 000 Leagues Under the Sea, Monster, War of the Worlds, Mega Piranha), Olen Ray Jr. tourne pendant douze jours avec sa petite équipe dans les bois et les rues de Los Angeles et fait ce qu’il peut, c’est-dire pas grand-chose.

Ici, contrairement à ce que raconte la mythologie Scandinave et à l’adaptation qu’en ont tirée Stan Lee et Jack Kirby dans les années 1960, Loki n’est pas le frère de Thor mais une entité maléfique indépendante. Incarné par Richard Grieco, ce super-vilain spécialisé dans le mensonge et l’illusion se promène avec deux chiens géants à tête de chacal (en hideuses images de synthèse) et détruit la forteresse du Valhalla pour pouvoir s’emparer du marteau de l’invincibilité. Le dieu Odin (le catcheur Kevin Nash, aperçu dans The Punisher et John Wick) décide de réagir. En compagnie de ses deux fils, l’aîné Baldir (Jess Allen, coutumier des apparitions discrètes dans les séries TV) et le jeune Thor (Cody Deal, désespérément dénué de charisme), il rend visite aux Nornes, des entités mystiques qui tissent les fils du destin (équivalentes scandinaves des Parques de la mythologie grecque). Mais Thor décide de forger son propre destin et décide de prendre les choses en main malgré son manque d’entraînement. Il sera aidé dans sa lutte contre Loki par la valkyrie Jarnsaxa, incarnée par Patricia Velásquez, dont personne n’a oublié la présence exotique dans La Momie et Le Retour de la momie

Marvel comique

Le grand affrontement qu’on nous promet se résume à une série de combats apathiques au ralenti filmés dans une forêt californienne sans charme que le réalisateur tente d’égayer avec des fumigènes. Conformément au comics et au film Marvel, notre héros se retrouve bientôt transporté en pleine cité moderne. A partir de là, les trois personnages principaux n’en finissent plus de se promener dans les trois mêmes rues. Quand Thor, dissimulant sa cuirasse viking sous un grand manteau, sort son épée pour se battre au ralenti contre un Loki tout de noir vêtu dans une ruelle enfumée, le film semble vouloir retrouver l’esthétique d’Highlander. Puis c’est reparti pour d’interminables déambulations dans les quartiers les plus laids et les plus mornes de Los Angeles, au milieu des palissades rouillées, des sacs en plastique et des bennes à ordure. Pour varier un peu les plaisir, Loki invoque d’autres monstres, sortes de reptiles géants à tête triangle tout aussi ratés que les chiens-chacals. Olen Ray insère aussi dans son film des stock-shots d’avion de chasse dans l’espoir un peu vain de le dynamiser. Et puis il y a cette poignée de moments surréalistes faisant basculer salutairement Almighty Thor dans la parodie involontaire : Thor qui court vers Loki en déchargeant sur lui un pistolet mitrailleur, le héros et la Vakyrie collés contre le mur d’un bâtiment comme des mouches sur une toile d’araignée, ou encore notre valeureux viking qui se fabrique un nouveau marteau en jouant avec de la lave en image de synthèse comme si c’était de la pâte à modeler. Malgré le désastre généralisé de cet Almighty Thor, The Asylum en produira une suite en 2022, sous le titre Almighty Thor : God of Thunder.

 

© Gilles Penso


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