Poussée par le succès du film L’Âge de cristal, cette série éphémère met en scène un couple de fugitifs dans un monde futuriste hostile…
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le lancement de la série L’Âge de cristal n’a pas été motivé par la vogue science-fictionnelle provoquée par le triomphe de La Guerre des étoiles en 1977. Certes, le premier épisode du show a été diffusé quelques mois après la sortie en salles du space opera de George Lucas, profitant naturellement de l’attirance soudaine du grand public pour les pistolets laser et les robots. Mais en réalité la genèse de la série est tout simplement liée au succès en salles du film L’Âge de cristal (nommé pour deux Oscars à l’époque). Distribué au cinéma en 1976, le long-métrage de Michael Anderson, inspiré d’un roman futuriste de William F. Nolan et George Clayton Johnson, mettait en vedette Michael York et Jenny Agutter dans le rôle de deux fugitifs bien décidés à échapper aux règles strictes d’un monde dystopique ayant fixé la limite de vie de la population à l’âge de 30 ans. Pour la série qui s’inspire du film, la chaîne CBS confie les rênes aux producteurs exécutifs Ivan Goff et Ben Roberts (Mannix, Drôles de dames). Leur mission : broder autour de la trame du roman et du scénario du long-métrage pour imaginer avec leur staff de scénaristes quinze épisodes qui en reprennent les composantes principales.
Le pilote de la série, réalisé par Robert Day, reprend à peu près l’intrigue du long-métrage. Nous sommes en l’an 2319. Le limier Logan (Gregory Harrison) décide de quitter la Cité des Dômes avec la fugitive Jessica (Heather Menzies) pour échapper au système totalitaire qui condamne tous les humains à un rituel sacré le jour de leur 30 ans (« Le Carrousel », un joli mot pour définir en réalité une euthanasie généralisée pour cause de surpopulation). Le couple est désormais pris en chasse par un groupe de limiers dirigés par Francis (Randy Powell), ancien collègue de Logan. À partir de là, la série s’éloigne du film pour construire sa propre dynamique et développer un univers visuel distinct. Il y a d’abord ce véhicule très iconique qu’empruntent nos héros, un aéroglisseur futuriste qu’ils trouvent dans les ruines de Washington et qui devient leur moyen de locomotion favori. Il y a ensuite REM, le sympathique androïde incarné par Donald Moffat qui se joint à eux et apporte à la série une touche d’humour. Au fil des épisodes, tous les trois traversent une Amérique post-apocalyptique et croisent d’étranges sociétés humaines, des extra-terrestres et des robots. Leur objectif : trouver « Le Sanctuaire », un lieu idyllique où ils espèrent enfin cesser leur cavale pour vivre en paix…
Cavale sans issue
Tourné à l’économie, L’Âge de cristal recycle beaucoup d’accessoires, de costumes et d’éléments de décors du film. Plusieurs plans, notamment ceux de la Cité des Dômes, sont également empruntés au long-métrage de Michael Anderson. Malgré la relative simplicité des intrigues et leur caractère répétitif, et malgré son évident manque de moyens, la série possède un charme indéniable qui repose beaucoup sur son trio d’acteurs principaux. Mais L’Âge de cristal ne rencontre pas le succès espéré. Seuls treize épisodes sont diffusés par CBS, qui décide de stopper la programmation à cause des très mauvaises audiences. La première saison ne s’achève donc même pas et L’Âge de cristal disparaît des grilles de la chaîne comme elle était apparue, sans véritable dénouement. Les derniers épisodes ne seront diffusés qu’à la fin des années 80 aux États-Unis. En France, la série est pourtant devenue culte, grâce à ses diffusions successives sur Antenne 2, La Cinq, TF1, TMC, Série Club, 13ème Rue et Game One. Le public de l’hexagone a même souvent tendance à préférer L’Âge de cristal dans sa version télévisée au film qui la précéda, gagné par le pouvoir de séduction des comédiens, le caractère résolument distrayant des scénarios et le générique délicieusement seventies composé par Laurence Rosenthal (Le Choc des Titans).
© Gilles Penso
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