BATMAN (1966-1968)

Pour sa première apparition à la télévision, l’homme chauve-souris créé par Bob Kane et Bill Finger se déchaîne dans un show pop délirant…

BATMAN

 

1966/1968 – USA

 

Créée par William Dozier

 

Avec Adam West, Burt Ward, Alan Napier, Neil Hamilton, Stafford Repp, Madge Blake, Yvonne Craig, Cesar Romero, Burgess Meredith, Frank Gorshin

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA BATMAN I DC COMICS

« Pow ! », « Bam ! », « Thwapp ! », « Zzonk ! ». Les onomatopées surgissent à l’écran sur fond coloré tandis que les coups de poing pleuvent aux accents d’un big band jazzy. Dans les années 60, Batman n’était pas un chevalier noir lugubre et taciturne mais un joyeux drille en costume chatoyant aux aventures joyeusement parodiques. Les serials réalisés dans les années 40 (première incarnation du super-héros à l’écran) optaient pourtant pour une tonalité un peu plus sérieuse, engonçant notre justicier dans un uniforme noir aux oreilles surdimensionnées. Mais William Dozier, à qui ABC et 20th Century Fox confient la série Batman pour une diffusion en prime time à destination d’un large public, pense que la seule option viable est une approche pop, légère et comique. D’où le relooking de l’homme chauve-souris, dont la tenue privilégie le bleu nuit, le gris clair et le jaune vif. Même approche colorée pour le fidèle et sympathique Robin qui accompagne Batman dans toutes ses aventures. Si leurs alter-égos dans le civil, Bruce Wayne et Dick Grayson, font de régulière apparitions dans la série, c’est de manière souvent anecdotique, le show préférant se concentrer sur leurs versions costumées. Après un test effectué avec les comédiens Lyle Waggoner et Peter Deyell, ce sont finalement Adam West et Burt Ward qui sont sélectionnés dans les rôles principaux.

Succès colossal, la série Batman s’appuie sur des mécanismes narratifs simples et reproductibles à l’infini. Les épisodes fonctionnent par paires, le premier s’achevant sur un suspense « insoutenable » au cours duquel les héros sont sur le point de passer l’arme à gauche à cause d’un stratagème diabolique élaboré par un super-vilain, et le second résolvant le problème en un clin d’œil, comme à l’époque des vieux serials. Le show ne se prend donc jamais au sérieux, multipliant les dialogues absurdes, les situations impensables, les gags visuels et le comique de répétition (comme ces scènes récurrentes où Batman et Robin escaladent la façade d’un immeuble et croisent divers personnages penchés à leur fenêtre, dont un certain nombre de guest stars). Difficile donc d’appréhender cette série au premier degré, son caractère kitsch ayant toujours été assumé par ses créateurs.

« Batmaaaaan ! »

Tout ou presque dans cette série s’est mué en objet de culte, qu’il s’agisse de sa galerie de super-vilains exubérants (le Joker, le Pingouin, le Sphinx et Catwoman en tête), de sa sublime Batmobile construite par George Barris à partir d’une Lincoln Futura de 1955 ou de la chanson pop de Neal Hefti dans laquelle des voix énergiques scandent « Batmaaaaan ! ». Pour l’anecdote, le décor de la Batcave fut construit à l’endroit même où était édifiée la fameuse muraille de King Kong et où fut filmé le grand incendie d’Atlanta d’Autant en emporte le vent. Annulée après sa troisième saison, Batman reste aujourd’hui un grand moment de télévision déjanté et acidulé qui aura eu entre autres mérites celui de relancer les ventes du comics consacré au Chevalier Noir, alors en perte de vitesse. A l’époque, Adam West estimait que cette série était l’un des trois grands « B » ayant marqué la culture populaire dans les années 60, les deux autres étant les Beatles et Bond. Comment ne pas lui donner raison ?

 

© Gilles Penso


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