WONDER WOMAN (1975-1979)

Après plusieurs faux départs, la plus célèbre des super-héroïnes a enfin droit à sa série sous les traits avenants de Lynda Carter…

WONDER WOMAN

 

1975/1979 – USA

 

Créée par Stanley Ralph Ross

 

Avec Lynda Carter, Lyle Waggoner, Beatrice Colen, Richard Eastham, Debra Winger, Norman Burton, Saundra Sharp

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Alors que ses homologues masculins de chez DC Comics n’ont eu aucun mal à passer du papier à l’écran, Wonder Woman n’a pas eu la même chance. De nombreux faux départs ont entravé la bonne marche de son succès auprès des (télé)spectateurs. Née sous la plume de William Moulton en octobre 1941, la super-amazone ne tente une percée « live » qu’en 1967, dans l’espoir de surfer sur la popularité de la série Batman. Un pilote titré Who’s Afraid of Diana Prince ? est donc envisagé à l’initiative du producteur William Dozier, sur une tonalité pop et comique. Quelques minutes sont tournées avec Ellie Wood Walker dans le rôle de Diana Prince et Linda Harrison (la Nova de La Planète des singes) dans celui de son alter-égo Wonder Woman, mais ce test ne convainc personne et le projet est abandonné. La super-héroïne tente une nouvelle apparition live dans un autre pilote réalisé en 1974 par Vincent McEveety. Cette fois-ci, la blonde Cathy Lee Crosby campe les deux facettes du personnage, dans une version très éloignée de la bande dessinée originale (tant du point de vue du look de la justicière que de ses pouvoirs). La chaîne ABC diffuse ce téléfilm mais ne donne pas suite. Un an plus tard, un nouveau pilote est initié avec Lynda Carter – Miss World USA en 1972 – dans le rôle principal. Jamais deux sans trois, dit-on. Cette fois-ci, c’est la bonne. Wonder Woman peut enfin crever l’écran !

La série Wonder Woman tient à respecter le matériau d’origine tout en conservant un caractère léger et acidulé motivé par le succès de Batman. L’intrigue se situe donc en 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale. Accusé à tort de trahison, le major Steve Trevor (Lyle Waggoner) est secouru par Diana (Lynda Carter), fille de la reine des Amazones. Après ce sauvetage, Diana prend l’identité secrète de Diana Prince et se met au service de Trevor, ce qui lui permet d’être aux premières loges pour détecter les menaces des forces de l’Axe. Dès que le danger survient, elle se transforme en Wonder Woman, une super-héroïne dotée d’une force considérable, de bracelets pare-balle, d’un lasso plus efficace que n’importe quel sérum de vérité et d’un très joli avion invisible (en réalité en plastique transparent, donc involontairement risible) qui lui permet de voyager et parfois de regagner son île paradisiaque natale. Le succès de la série est immédiat, mais ABC s’inquiète du coût de chaque épisode et refile le bébé à la chaîne CBS. La seconde et la troisième saison marquent donc une rupture, dans la mesure où désormais les aventures ne se situent plus dans les années 40 mais à la fin des années 70, ce qui permet d’éviter de coûteuses reconstitutions d’époque. Le charme opère toujours, mais avec moins d’intensité qu’en début de série. Toujours est-il que les téléspectateurs restent aux anges. Les enfants adorent cette super-héroïne qui affronte seule mille dangers, les petites filles rêvent d’être comme elle et les hommes de tous âges s’extasient devant les formes généreuses de cette actrice aux allures de déesse.

Joyeusement kitsch

Au-delà du charme ravageur de Lynda Carter (qui restera pour toujours associée au personnage de Wonder Woman, même lorsque Gal Gadot lui succèdera avec panache au cinéma), la série comporte de nombreux gimmicks qui sont entrés dans la légende et ont concouru à alimenter son culte. Il y a d’abord cette chanson disco pleine d’énergie, écrite par Charles Fow et Norman Gimbel et interprétée avec fougue par John Bahler. Tout le monde se souvient aussi de ce générique en dessin animé reprenant les codes visuels des BD des années 70 jusqu’à ce que les personnages dessinés se transforment en acteurs en chair et en os. Et comment oublier ces mythiques séquences de métamorphoses dans lesquelles Diana Prince retire ses lunettes, tourne sur elle-même au ralenti et, après une brève explosion, devient la pimpante amazone aux couleurs du drapeau américain, rajustant son diadème avant d’aller en découdre avec l’ennemi ? Si les vilains de la première saison sont principalement des nazis et ceux des saisons suivantes des gangsters modernes, la série s’autorise aussi quelques exubérances avec des extra-terrestres, des savants fous et même un gorille géant ! Joyeusement kitsch, délicieusement surannée, Wonder Woman fait toujours son petit effet plusieurs décennies plus tard. Seul véritable regret : que Lynda Carter n’ait pas croisé Christopher Reeve dans un crossover post-Superman qui aurait pu faire des étincelles.

 

© Gilles Penso


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