X-FILES : AUX FRONTIÈRES DU RÉEL (1993-2002)

Grâce à cette série culte de Chris Carter, nous savons désormais que nous ne sommes pas seuls dans l’univers et que la vérité est ailleurs…

THE X-FILES

 

1993/2002 – USA

 

Créée par Chris Carter

 

Avec David Duchovny, Gillian Anderson, Mitch Pileggi, William B. Davis, Nicholas Lea, Jeffrey Spender, James Pickens Jr., Robert Patrick, Annabeth Gish

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I POUVOIRS PARANORMAUX

Chris Carter fait ses débuts à la télévision avec des séries familiales pleines de bons sentiments comme Rags to Riches, Le Monde merveilleux de Disney ou A Brand New Life. Au début des années 90, il décide de changer de registre pour écrire un programme plus proche de sa sensibilité. Deux idées se téléscopent dans sa tête : le souvenir de la série Dossiers brûlants, dans laquelle le reporter Carl Kolchak enquêtait sur toutes sortes de phénomènes paranormaux, et la lecture d’un rapport indiquant que 3,7 millions d’Américains pensent avoir été enlevés par des extra-terrestres. Pourquoi ne pas consacrer une série à des héros se confrontant au mystère des ovnis et à des faits divers inexpliqués ? Pour trouver la bonne tonalité, Chris Carter pense à La Quatrième dimension et à Twin Peaks, qui resteront deux de ses références majeures pendant l’écriture du pilote. Quant au métier des héros, il s’inspire du Silence des agneaux. Les protagonistes de X-Files seront donc des agents du FBI. « Mulder et Scully sont sortis tout droit de ma tête », raconte-t-il. « Ils représentent une dichotomie, d’un côté mon scepticisme et de l’autre ma foi. Comme beaucoup de gens, je veux vivre l’expérience d’être témoin d’un phénomène paranormal. En même temps, je ne peux pas l’accepter sans le remettre en question. Je pense que ces personnages sont nés de cette dualité. » (1)

La série s’intéresse donc à l’agent fédéral Fox Mulder (David Duchovny), spécialisé dans les affaires non résolues impliquant des phénomènes paranormaux (les fameux « X-Files »), et à son homologue Dana Scully (Gillian Anderson), chargée officiellement de l’épauler (et officieusement de s’assurer que notre homme garde la tête froide pendant ses investigations). Au fil de leurs enquêtes, ils semblent mettre à jour une gigantesque conspiration qui serait liée à une entente secrète entre le gouvernement américain et des entités extra-terrestres, sans doute depuis l’incident survenu à Roswell en 1947. Mais chaque fois qu’ils avancent dans leur collecte d’indices, de nouvelles zones d’ombre apparaissent. Une grande partie des intrigues de X-Files s’intéressent donc à ce fil rouge qui revient régulièrement d’un épisode à l’autre et qui constitue la partie feuilletonante (et terriblement addictive) de la série. Les autres histoires sont des cas isolés qui fonctionnent plutôt sur le principe du « monstre de la semaine » popularisé par Au-delà du réel. Mulder et Scully enquêtent donc sur des individus aux pouvoirs paranormaux ou aux perceptions extra-sensorielles, des créatures inconnues, des mutants ou des animaux qu’on croyait disparus depuis des millénaires… Au-delà du caractère palpitant de la grande majorité des épisodes (s’achevant quasiment tous sur un point d’interrogation, preuve que l’inexpliqué semble bien destiné à rester inexplicable), la série s’appuie sur le charisme de ses deux interprètes principaux, parfaits dans les rôles complémentaires du passionné ouvert à toutes les croyances et de la sceptique à l’esprit plus ouvert qu’on ne le pense.

Le vrai croyant et la fausse sceptique

C’est principalement sur la dynamique du couple Mulder et Scully que repose X-Files et sur la complexité de leurs relations. Le premier est volontiers adepte de la théorie du complot mais conserve chaque fois que possible une objectivité nécessaire à ses activités d’enquêteur. La seconde ne croit que ce qu’elle voit mais se heurte bien souvent à des phénomènes altérant son cartésianisme. D’autre part, si la tension amoureuse est palpable dès le premier épisode, Chris Carter se garde bien de les laisser franchir le pas, conformément à la relation platonique qui fonctionne si bien entre John Steed et Emma Peel dans Chapeau melon et bottes de cuir. Sans doute X-Files aurait dû s’arrêter en fin de cinquième saison, car à partir de là la qualité des épisodes commence doucement à décliner. Le grand château de carte bâti par Chris Carter s’effondre : finalement, trop de mystère tue le mystère. Les choses se gâtent encore lorsque David Duchovny quitte la série, remplacé provisoirement par Robert Patrick (le T-1000 de Terminator 2). Quoiqu’il en soit, X-Files demeure un phénomène planétaire incomparable ayant largement dépassé le cadre du petit écran pour s’imposer dans la culture populaire, déclinant sous toutes ses formes les mantras paranoïaques de Fox Mulder (« I Want to Believe », « La Vérité est ailleurs », « Trust No One »…). La série donnera naissance à deux longs-métrages, un spin-off (The Lone Gunmen) et deux mini-saisons tardives (six épisodes en 2016 et dix épisodes en 2018) pour tenter de raviver la flamme de ce choc télévisuel sans précédent.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans le magazine « Omni » en décembre 1994.

 

© Gilles Penso


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