AU-DELÀ DU RÉEL (1963-1965)

Dans la foulée de La Quatrième dimension, cette anthologie de science-fiction a marqué les mémoires avec son bestiaire délirant et ses concepts fous…

THE OUTER LIMITS

 

1963/1965 – USA

 

Créée par Leslie Stevens

 

Avec Robert Duvall, Martin Landau, Dabney Coleman, Henry Silva, Jacqueline Scott, David McCallum, Geraldine Brooks, Leonard Nimoy, Sally Kellerman

 

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Le plus gros défaut d’Au-delà du réel est de ne pas être La Quatrième dimension. La série créée par Leslie Stevens ne manque ni de charme, ni d’attrait, mais il est difficile de ne pas la rapprocher de celle de Rod Serling, tant leurs concepts sont similaires, et au jeu des comparaisons The Twilight Zone sort évidemment grand vainqueur. Or c’est un combat quelque peu déloyal. D’abord parce que Stevens assume totalement l’influence de son prédécesseur, ensuite parce que les ambitions de son show ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de celui de Serling, malgré leur nature commune d’anthologies de science-fiction (des histoires indépendantes les unes des autres avec à chaque fois des personnages différents). Lorsqu’il développe l’idée d’Au-delà du réel, Leslie Stevens (par ailleurs scénariste du Gaucher d’Arthur Penn et réalisateur de L’île de la violence avec James Mason), souhaite avant tout faire frissonner les téléspectateurs en s’appuyant sur les mêmes mécanismes que bon nombre de films de SF des années 50. Avec le scénariste Joseph Stefano (qui écrivit Psychose pour Alfred Hitchcock), il met donc en place le concept du « monstre de la semaine » : chaque épisode ou presque doit mettre en scène une créature fantastique (de préférence extra-terrestre) qui marquera durablement les esprits.

Cette idée est séduisante, mais elle n’est pas simple à concrétiser avec le faible budget qu’alloue la chaîne à chaque épisode (entre 10 000 et 40 000 dollars). Stevens se tourne alors vers l’équipe de Project Unlimited, habituée à concevoir des effets spéciaux spectaculaires et économiques. Ses trois piliers, Wah Chang, Gene Warren et Jim Danforth, sont rompus à l’exercice grâce notamment aux films de George Pal (La Machine à explorer le temps, Les Aventures de Tom Pouce, Les Amours enchantées). Ils concoctent donc un bestiaire fantasmagorique délirant, de l’amphibien géant à la fourmi au faciès humain en passant par l’alien à tête de crustacé ou l’homme aux yeux exorbités. Même si elle peut prêter aujourd’hui à sourire par l’exubérance de ses concepts, cette galerie de créatures a provoqué bien des cauchemars auprès de jeunes téléspectateurs pas habitués à de telles profusions monstrueuses, ceintes en outre dans une photographie noir et blanc très contrastée héritée de l’expressionisme allemand qui renforce leur caractère perturbant. Après le départ de Joseph Stefano pour la saison 2, le concept du « monstre de la semaine » sera moins systématique.

« Nous contrôlons la transmission »

Au-delà du réel est aussi mémorable pour son entrée en matière. Chaque épisode commence par des interférences qui altèrent l’image et le son. Une voix sentencieuse s’adresse alors aux téléspectateurs : « Il n’y a aucun problème avec votre téléviseur. N’essayez pas de régler l’image. Nous contrôlons la transmission… Pendant une heure, restez assis tranquillement et nous contrôlerons tout ce que vous voyez et entendez. Vous êtes sur le point de participer à une grande aventure. Vous êtes sur le point de faire l’expérience de l’émerveillement et du mystère qui s’étendent de l’esprit intérieur jusqu’à… Au-delà du réel ! » Voilà une belle mise en condition. Tout un parterre de guest stars (plus ou moins connues à l’époque) se bouscule pour tenir la vedette des 49 épisodes de la série, parmi lesquels on peut citer en vrac David McCallum (Des agents très spéciaux), Donald Pleasence (Halloween), Martin Landau (Mission impossible), Barry Morse (Cosmos 1999), Vera Miles (Psychose), Robert Duvall (Le Parrain), Adam West (Batman) ou Leonard Nimoy (Star Trek). Alors certes, Au-delà du réel n’est pas La Quatrième dimension, mais son impact reste immense et son influence sur les générations futures d’auteurs et de réalisateurs de science-fiction presque aussi importante que celle du chef d’œuvre de Rod Serling.

 

© Gilles Penso


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