BLOODY CHRISTMAS (2012)

Un remake du fameux slasher Douce nuit sanglante nuit qui réinvente à sa manière la figure du Père Noël sanglant…

SILENT NIGHT

 

2012 – USA

 

Réalisé par Steven C. Miller

 

Avec Malcolm McDowell, Jaime King, Dona Logue, Rick Skene, Ellen Wong, Andrew Cecon, Courtney-Jane White, Erik Berg, Tom Anniko, Mike O’Brien, Curtis Moore

 

THEMA TUEURS I SAGA DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT

En 1984, Douce nuit sanglante nuit créait un petit événement – et soulevait au passage quelques polémiques – en décrivant les méfaits d’un tueur psychopathe habillé en Père Noël au beau milieu des fêtes de fin d’année. L’impact fut tel qu’une véritable saga finit par se déployer jusque dans les années 90, les derniers épisodes n’ayant plus grand-chose à voir avec le concept initial. L’idée de produire un remake du premier film de la série est née au début des années 2000. Contacté pour en écrire le scénario, Jayson Rothwell avoue n’avoir jamais vu le long-métrage de 1984. Ce pourrait être rédhibitoire, mais les producteurs sautent au contraire sur cette occasion pour demander au scénariste d’imaginer sa propre histoire. La seule contrainte est de mettre en scène un tueur habillé en Père Noël. Rothwell s’inspire alors d’un fait divers réel (le massacre perpétré par un désaxé déguisé en Santa Claus le soir de Noël de l’année 2008 à Covina, dans le comté de Los Angeles) et construit le récit d’une enquête policière ponctuée de meurtres particulièrement sanglants. Ainsi naît Silent Night (que les distributeurs français traduisent bizarrement par Bloody Christmas). Steven C. Miller, qui avait déjà réalisé une poignée de films d’horreur comme Automaton Transfusion, Scream of the Banshee ou Scary, se voit confier la mise en scène de ce slasher hivernal.

Dès le générique se met en place le rituel du monstre, dont nous ne voyons évidemment pas le visage afin que son identité reste un mystère jusqu’à la fin. L’homme découpe un masque en plastique qu’il affuble d’une barbe blanche et enfile la traditionnelle panoplie rouge tandis que retentit joyeusement « Up on the House Top » de Gene Autry. Mais l’ambiance n’est pas à l’euphorie. Tandis qu’une femme ligotée hurle sur le canapé, un homme immobilisé sur une chaise et relié à des guirlandes électriques crie pour qu’on le libère. Ce couple adultère n’en sortira pas vivant. Ce sont les premières d’une longue liste de victimes à mettre à l’actif de ce vilain Santa psychopathe ayant décidé de mettre la petite ville de Cryer, dans le Wisconsin, à feu et à sang. L’adjointe du shérif, Aubrey Bradimore (Jaime King), va s’efforcer de résoudre l’affaire, même si elle ne se sent plus à la hauteur depuis la mort inattendue de son époux. Mais son boss, le shérif Cooper (Malcolm McDowell), ne lui laisse pas de répit, bien décidé à mettre la main sur ce serial killer insaisissable avant la nuit de Noël…

Ce Père Noël est une ordure !

D’emblée, le film marque une rupture entre son héroïne – dont les failles, les doutes et les faiblesses sont explorés avec plus de profondeur qu’on aurait pu l’imaginer – et le tueur, volontairement déshumanisé et ramené au statut de machine à tuer dénuée d’état d’âme. Le masque en plastique dont il est affublé, noircissant son regard et figeant ses traits, renforce son caractère effrayant, inhumain et bestial. D’autant que ses meurtres sont particulièrement brutaux – avec une mention spéciale pour celui de la bimbo aux seins nus qui passe un très mauvais quart d’heure. Personne n’est épargné, pas même les enfants. Pourtant ce tueur sanguinaire semble obéir à un « code moral », puisqu’il ne s’en prend visiblement qu’à ceux qu’il considère comme des pécheurs : les amants adultères, les praticiens de la pornographie, les enfants gâtés, les curés libidineux. Il s’érige donc en juge et bourreau, utilisant tout ce qui passe à sa portée – hache, tison, lance-flamme et même bois d’une tête de cerf pour cligner de l’œil vers le film original – pour occire tous ceux qui « n’ont pas été sages ». Si Malcolm McDowell cachetonne gentiment dans le rôle de ce vieux shérif acariâtre et dur à cuire qui en a vu d’autres, Jaime King (Sin City, The Spirit, Meurtres à la Saint-Valentin) joue son personnage à fleur de peau et suscite l’empathie du spectateur, même si le scénario de Bloody Christmas n’échappe pas à la routine et s’achemine vers une révélation finale décevante.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article