SAINT (2010)

Le réalisateur de L’Ascenseur et d’Amsterdamned transforme Saint Nicolas en monstre démoniaque surgissant les nuits de pleine lune…

SINT

 

2010 – HOLLANDE

 

Réalisé par Dick Maas

 

Avec Huub Stapel, Egbert Jan Weeber, Madelief Blanken, Caro Lenssen, Escha Tanihatu, Niels van den Berg, Bert Luppes, Cynthia Abma, Keen Boot

 

THEMA FANTÔMES

Dick Maas est un réalisateur amateur de concepts horrifiques singuliers. Après les méfaits mécaniques sanglants de L’Ascenseur et ceux du tueur aquatique d’Amsterdamned, notre homme avait délaissé provisoirement le genre fantastique pour s’aventurer sur d’autres territoires (il signa même quelques épisodes de la série Les Aventures du jeune Indiana Jones). Mais le naturel revient au galop, notamment avec une suite de L’Ascenseur réalisée en 2001 puis avec ce Saint qui revisite le mythe du Père Noël sous un jour très inquiétant. « En Hollande, le personnage de Saint Nicolas joue un rôle culturel très important », nous dit Maas pour expliquer la genèse de Saint. « Nous le célébrons tous les ans. C’est un personnage qui est toujours décrit comme l’ami des enfants. Tout le monde l’aime, il distribue des bonbons, il est extrêmement populaire. Je me suis donc dit qu’il pouvait être intéressant de détourner cette image pour en faire une figure du mal. Voilà pourquoi il devient dans mon film un évêque maléfique » (1). Saint s’appuie sur le mythe de Sinterklaas, le personnage duquel s’inspire manifestement le Santa Claus anglo-saxon. Comme toujours, Maas mêle l’horreur et l’action à une bonne dose d’humour noir. C’est sa marque de fabrique.

Le film commence le 5 décembre 1492. Une horde de brigands dirigée par l’ancien évêque Niklas est tuée par des villageois qui refusent de supporter plus longtemps les pillages et les meurtres perpétrés par ces barbares. Désormais, ils reviennent sous forme de fantômes meurtriers chaque nuit de pleine lune du 5 décembre, menés par leur chef devenu le redoutable Sinterklaas dont le bâton d’évêque est une arme aux bords tranchants. Les années ont passé et les adultes ne croient plus à cette histoire, même s’ils font croire aux enfants que Sinterklass est un homme gentil qui leur offre des cadeaux une fois par an. Goert est comme tous ces gamins qui attendent avec impatience la venue de ce bon vieux Niklas. Mais lorsque le « Saint » débarque sur le toit de sa maison de campagne, avec ses chevaux sauvages et son gang de fantômes violents, la nuit vire au cauchemar. Goert survit au massacre mais perd toute sa famille. Nous sommes alors en 1968. 42 ans plus tard, l’orphelin est devenu inspecteur de police et travaille à Amsterdam. Or le 5 décembre 2010 sera une nuit de pleine lune. Les démons ne sauraient donc tarder à revenir…

Petit papa mortel

Partant de ce postulat délirant, Saint s’autorise tous les excès, y compris quelques sursauts gore et des séquences d’action impensables au cours desquelles les chevaux de ce maléfique père fouettard galopent sur les toits des maisons de la ville. « Nous avons utilisé des effets visuels, parce que bien sûr aucun cheval n’a réellement été filmé sur les toits », nous avoue Dick Maas. « Idéalement, il aurait fallu modéliser les chevaux en images de synthèse pour pouvoir leur faire faire ce que le scénario exigeait. Mais nous n’avions pas les moyens et la technologie nécessaires pour recourir à cette technique de manière intensive. Nous avons donc principalement installé le cheval avec un cascadeur sur une plateforme surélevée devant un fond vert de quinze mètres de long » (2). Car le réalisateur de L’Ascenseur ne s’est jamais laissé réfréner par ses moyens modestes, stimulant sans cesse l’inventivité de ses équipes pour parvenir à ses fins. Saint est donc un divertissement subversif réjouissant, même si ses prémisses laissaient espérer une œuvre plus originale que le résultat final. En effet, passées ses premières séquences, le film finit par s’enfermer dans la routine du slasher classique et ne parvient pas tout à fait à éviter la répétitivité de ses situations. On note qu’au moment de sa sortie, au beau milieu des fêtes de fin d’année, le film suscita un petit scandale en Hollande à cause de son poster effrayant, ce « Saint Nicholas zombie » n’étant pas du tout du goût des associations de parents !

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2017

 

© Gilles Penso


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