LE CRÂNE MALÉFIQUE (1965)

Peter Cushing incarne un spécialiste des sciences occultes qui fait un jour l’acquisition du crâne du marquis de Sade…

THE SKULL

 

1965 – GB

 

Réalisé par Freddie Francis

 

Avec Peter Cushing, Patrick Wymark, Jill Bennett, Nigel Green, Patrick Magee, Michael Gough, George Coulouris, Christopher Lee

 

THEMA SUPER-VILAINS

S’il est passé à la postérité avec son roman « Psychose », Robert Bloch n’a pas limité sa création littéraire aux exactions de Norman Bates. Grand amateur de fantastique et de science-fiction, il concocta des centaines de romans et de nouvelles inventives, parmi lesquelles la compagnie anglaise Amicus choisit l’histoire courte « Le Crâne du Marquis de Sade », publiée en 1945, pour en tirer un film d’épouvante insolite. Peter Cushing y interprète le docteur Maitland, un spécialiste des sciences occultes qui collectionne tout ce qui touche à la sorcellerie et au surnaturel. Un soir, son fournisseur habituel, Anthony Marco (Patrick Wymark), lui vend un livre relié en peau humaine qui raconte la vie du marquis de Sade. Très fier de son acquisition, Maitland voit Marco débarquer chez lui le soir suivant avec un nouvel artefact unique au monde : le crâne du marquis ! Perplexe, notre savant demande conseil à son confrère Sir Matthew Philips (Christopher Lee). Ce dernier est formel : le crâne n’est pas un faux, puisqu’il lui appartenait et qu’on le lui a volé. Mais Philips ne veut pas le récupérer, car selon lui le crâne est manipulé par « d’invisibles puissances, des esprits venus d’un monde étrange et diabolique ». Le posséder, c’est donc devenir la proie du diable.

Un flash-back nous ramène alors au 19ème siècle, alors qu’un phrénologiste profane la tombe de Sade pour récupérer son crâne avant de mourir dans de mystérieuses circonstances. L’exécuteur testamentaire du défunt inspecte alors ses biens avant de tomber à son tour sous l’influence de la sinistre relique et de se muer en assassin. Maitland n’accorde que peu de crédit à de telles théories, jusqu’à ce que son destin ne bascule à son tour. Cette interpénétration subite du fantastique dans une réalité tangible se concrétise par une séquence incroyable au cours de laquelle Peter Cushing, dans un décor difforme digne de ceux de William Cameron Menzies dans Les Envahisseurs de la planète rouge, est contraint de se soumettre à une roulette russe. Freddie Francis filme dans des plans de plus en plus serrés le regard incroyablement bleu du comédien, étire le suspense en ne brisant le silence que par le cliquetis du revolver, et nous transporte littéralement ailleurs.

Le Bien ou le Mal ?

S’agit-il d’un rêve ? D’une hallucination ? D’une réalité parallèle ? Le mystère perdure lorsque, plus tard, les objets s’animent dans le salon de Maitland et que le crâne vole à sa rencontre. Une telle séquence pourrait sombrer dans le ridicule, d’autant que les effets spéciaux demeurent sommaires. Mais grâce au jeu habité de Cushing et au savoir-faire de Francis, le charme opère. Certains cadrages surprenants, comme les vues subjectives depuis l’intérieur du crâne, chargent l’atmosphère d’angoisse, tandis que notre scientifique ne distingue plus le bien du mal, et que le spectateur cherche une explication rationnelle à cette épouvante insidieuse, hésitant entre la possession diabolique, l’autosuggestions ou la folie pure. Prévu pour être distribué en France sous le titre « Les Forfaits du Marquis de Sade », le film fut rebaptisé à la dernière minute Le Crâne maléfique pour éviter un procès avec les descendants du célèbre marquis. Mais plusieurs posters de l’époque portant le premier titre prévu ont circulé un peu partout et font le bonheur de nombreux collectionneurs.

 

© Gilles Penso


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