CARS 3 (2017)

Depuis ses débuts dans Cars, Flash McQueen est devenu un vétéran de la route, mais saura-t-il rivaliser avec la jeune génération motorisée ?

CARS 3

 

2017 – USA

 

Réalisé par Brian Fee

 

Avec les voix de Owen Wilson, Cristela Alonzo, Chris Cooper, Nathan Fillion, Larry the Cable Guy, Armie Hammer, Ray Magliozzi, Tony Shalhoub, Bonnie Hunt

 

THEMA OBJETS VIVANTS I SAGA PIXAR

Après les écarts du second volet de la saga Cars, transformant les héros à quatre roues de la bourgade de Radiator Springs en émules de James Bond, cette troisième aventure revient aux sources du concept initial défini par John Lasseter, Joe Ranft et Jorgen Kluben. Flash McQueen revient donc sur le devant de la scène pour se lancer à vive allure sur les circuits et assumer son rôle de voiture de course vedette. Mais cette fois-ci, un jeune coureur arrogant, Jackson Storm, va lui faire de l’ombre jusqu’à susciter une totale remise en question. Car Flash n’est plus le jeune véhicule fringuant que nous avons découvert en 2006. Désormais c’est un vétéran de la piste. Saura-t-il se mesurer à la jeune génération, mieux équipée et plus agressive que lui ? Saura-t-il encore séduire son public ? N’est-il pas sur le point de sombrer progressivement dans l’oubli ? Ces thématiques ont déjà été abordées par le passé chez Pixar, et ce dès le premier Toy Story dans lequel l’arrivée d’un jouet flambant neuf dans une chambre d’enfant remettait en cause la popularité d’un jouet plus ancien. Quant à la problématique du souvenir et de la peur de sombrer dans l’oubli, elle irradie tout le scénario du Monde de Dory et sera le pivot dramatique central du film suivant du studio, Coco.

Pour revenir sur le devant de la scène et montrer qu’il a encore de la puissance sous son capot, McQueen accepte de se faire coacher par Cruz Ramirez, une voiture hispanique qui ne le ménage pas. Cette tentative de reconquête du public par un sportif vieillissant nous rappelle irrésistiblement plusieurs opus de la saga Rocky. Ce n’est pas un hasard. La séance d’entraînement sur la plage, dans laquelle Cruz et McQueen se défient l’un l’autre, est un hommage direct à une scène très similaire mettant en scène Sylvester Stallone et Carl Weathers dans Rocky III : l’œil du tigre. Comme toujours chez Pixar l’émotion est au rendez-vous, notamment au sein de la relation complexe qui se tisse entre McQueen et son coach sportif. Mais il faut avouer qu’il est toujours plus difficile de ressentir des sentiments forts pour des voitures déconnectées d’un univers humain plutôt que pour d’autres types de protagonistes anthropomorphes.

En bout de piste

D’autant qu’à force de vouloir trop prêter aux véhicules des comportements humains, certaines incohérences finissent par jalonner le récit. Cruz, par exemple, a renoncé à ses rêves de course parce qu’elle manquait d’audace et de confiance lorsqu’elle était petite. Mais comment des voitures ont-elles pu être « petites » ? Pendant son entrainement sur la plage avec McQueen, elle refuse de rouler sur le sable de peur d’écraser des crabes. Y’a-t-il donc des crustacés dans ce monde où toute vie organique semble pourtant avoir disparu ? A moins qu’il ne s’agisse de minuscules véhicules à pinces, comme la « luciole Volkswagen » que l’on voit apparaître dans le court-métrage Martin et la lumière fantôme ? On le voit, le concept de Cars finit par trouver ses limites lorsqu’on le pousse un peu trop loin. Du côté des scènes d’action, bien sûr, l’inventivité est toujours au rendez-vous et la force créatrice des équipes de Pixar atteint encore des sommets, comme pendant cette course brutale dans la boue au fin fond de l’Amérique profonde qui restera l’un des plus gros morceaux de bravoure du film. Le dénouement, qui s’appuie sur la notion de transmission et de passation de pouvoir, est d’autant plus marquant qu’il semble avoir des répercussions sur le monde réel. Lorsque Flash cède sa place sur la piste à une autre coureuse moins expérimentée que lui, il est difficile de ne pas penser à John Lasseter, mis à mal par de sérieux problèmes personnels et contraint de passer le relais à Brian Fee pour réaliser le film à sa place.

 

© Gilles Penso


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