LES TITANS (1962)

Dans ce péplum mythologique parodique, Zeus libère les Titans des Enfers pour précipiter la chute d’un roi mégalomane…

ARRIVANO I TITANI

 

1962 – ITALIE

 

Réalisé par Duccio Tessari

 

Avec Giuliano Gemma, Pedro Armendariz, Antonella Lualdi, Jacqueline Sassard, Serge Nubret, Gérard Séty, Tanya Lopert

 

THEMA MYTHOLOGIE

Alors que la vogue du péplum antique bat son plein en Italie, le prolifique scénariste Duccio Tessari (Les Derniers jours de Pompéi, Carthage en flammes, La Vengeance d’Hercule, Le Colosse de Rhodes) tente un mélange audacieux pour son baptême de metteur en scène : l’épopée mythologique et la comédie. Résultat : Les Titans, une œuvre totalement à part qui s’offre un casting de premier ordre dominé par Giuliano Gemma (Le Guépard), Pedro Armendariz (Bons baisers de Russie), Antonella Lualdi (Le Rouge et le noir) et le culturiste français Serge Nubret. Lorsque le film commence, nous apprenons que Cadmos (Armendariz), le roi de Crète, a fait assassiner son épouse pour pouvoir vivre heureux avec sa maîtresse Hermione (Lualdi), et récupère au passage leur bébé Antiope. Mais la Sybille annonce la terrible prophétie qui les guette : lorsqu’Antiope grandira et connaîtra l’amour, le cœur de Cadmos cessera de battre. Révolté contre les dieux d’Olympe, qu’il juge injustes de lui infliger pareil destin, le souverain les renie en bloc et s’auto-proclamme « seul dieu et seul seigneur sur la terre et dans les cieux ». Pour se rendre invulnérable, il se baigne avec sa nouvelle compagne dans des vapeurs sacrées. Dix-huit ans plus tard, Antiope (Jacqueline Sassard), qui est restée cloîtrée pendant toute son enfance, s’apprête à devenir prêtresse du temple de Cadmos. C’est le moment que choisit Zeus pour réagir aux affronts de Cadmos. Nous découvrons alors la partie la plus redoutable des Enfers, le Tartare, fidèle aux descriptions qu’en donne la mythologie antique, reconstitué en studio dans un magnifique décor de grotte souterraine.

Prométhée y est enchaîné tandis qu’un vautour se repaît de son foie, Tantale meurt de faim face à ces fruits qui s’éloignent inlassablement de lui, Sisyphe pousse toujours le même rocher en haut d’une colline. Plus loin, les Titans, qui osèrent jadis défier Zeus, sont enchaînés à un rocher. Mais le Dieu des dieux leur offre la possibilité de recouvrer la liberté en ordonnant au moins fort mais au plus rusé d’entre eux, Krios, de venir sur Terre pour précipiter la chute de Cadmos. Dans la peau de ce Titan gaffeur, Guliano Gemma excelle, redoublant de naïveté et de gaucherie. Semant le trouble dans la cité, il est pris en chasse par la garde royale, ce qui nous vaut une scène de poursuite échevelée et hilarante, le fougueux fugitif sautant sur les toits en toile comme sur autant de trampolines, évitant les lances et les flèches avec désinvolture puis se laissant tranquillement capturer. Ce qui devait arriver arrive : il tombe amoureux d’Antiope, qu’il aperçoit pendant la cérémonie faisant d’elle une prêtresse condamnée à la chasteté. « Lorsqu’elle sourit, c’est comme si l’aurore éclairait le monde », dit-il rêveur à l’un de ses compagnons de cellule…

« Place aux barbus ! »

Ceint dans un somptueux Technicolor mettant en valeur des décors colossaux et des costumes de toute beauté, Les Titans regorge de dialogues humoristiques. Lorsqu’on lui demande de s’exprimer plus clairement, le Grand Prêtre déclare ainsi : « Je ne serais pas Grand Prêtre si j’étais clair ». Plus tard, un commerçant dont on vient de renverser la marchandise s’exclame « Par Zeus ! », puis se reprend : « Euh… Par Cadmos ! » Quand les frères de Krios débarquent, l’un d’eux lance fièrement : « Place aux barbus ! ». Même la bande originale joue la carte du gag, clignant de l’œil vers celle du Pont de la rivière Kwaï au moment de la destruction d’un pont ou reprenant les accents de la Marseillaise pour accompagner la révolte du peuple contre la tyrannie. Le film n’oublie pas pour autant de réserver une place de choix aux éléments fantastiques de son intrigue, du géant hirsute que rencontre Krios au casque d’invisibilité qui lui permet de libérer Antiope en passant par la vieille Gorgone aux cheveux ornés de serpents ou le Cyclope au langage incompréhensible pourvoyeur d’éclairs. Réjouissant et totalement décomplexé, Les Titans se clôt sur un combat délirant qui semble presque issu d’une planche d’Astérix, les Titans castagnant la garde de Cadmos avec autant d’enthousiasme qu’Obélix face aux Romains !

 

© Gilles Penso


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