LES YEUX DE LAURA MARS (1978)

Faye Dunaway incarne une photographe de mode hantée par les visions prémonitoires de crimes particulièrement brutaux…

EYES OF LAURA MARS

 

1978 – USA

 

Réalisé par Irvin Kershner

 

Avec Faye Dunaway, Tommy Lee Jones, Brad Dourif, Rene Auberjonois, Raul Julia, Frank Adonis, Lisa Taylor, Darlanne Fluegel, Rose Gregorio, Bill Boggs

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX

Après avoir fait ses débuts sur grand écran avec Dark Star et Assaut, John Carpenter parvient à intéresser le studio Columbia avec l’un de ses scénarios, baptisé alors Eyes. À la demande du producteur Jon Peters, le script est largement réécrit par David Zelag Goodman (Les Chiens de paille, L’Âge de cristal) et la mise en scène est confiée à Michael Miller (Street Girls). Mais le réalisateur ne parvient pas à s’entendre avec le studio et finit par rendre son tablier, aussitôt remplacé par Irvin Kershner qui vient alors de se distinguer avec La Revanche d’un homme nommé Cheval et Raid sur Entebbe. Pour tenir le rôle principal, toutes sortes d’actrices de premier plan sont envisagées, de Catherine Deneuve à Jane Fonda en passant par Goldie Hawn, Diane Keaton et même Barbra Streisand (à l’époque en couple avec Jon Peters). Si cette dernière n’apparaît pas dans le film, elle prête tout de même sa voix à la chanson « Prisoner » qu’on entend au cours du générique. C’est finalement Faye Dunaway qui hérite du rôle de Laura Mars, une photographe de mode dont les travaux s’inspirent largement de ceux de l’artiste bien réel Christoph Von Wangenheim.

Laura Mars est donc une artiste de renom grâce à ses clichés à scandale alliant la beauté de ses mannequins à demi nus à la violence contemporaine. Lors de l’évènement mondain que représente sa première exposition, tous les convives soulignent son talent sauf John Neville (Tommy Lee Jones), un inspecteur de police qui lui reproche surtout de donner trop d’importance à la représentation de la cruauté. Un jour, Laura Mars est frappée d’hallucinations terrifiantes montrant la mort de ses amis, attaqués à coups de pic à glace par un déséquilibré qui crève les yeux de ses victimes. Or la fiction de Laura rejoint la réalité, ces visions s’avérant prémonitoires. Alors que John Neville mène l’enquête, plusieurs proches de la talentueuse photographe disparaissent les uns après les autres. Il devient vite évident que l’assassin se rapproche inexorablement d’elle. Pour découvrir son identité et sauver sa peau, ses visions seront-elles d’un quelconque secours ?

La mort dans l’objectif

L’idée de départ imaginée par Carpenter est le point le plus fort du film, imité d’ailleurs dans la foulée par des œuvres telles qu’Angoisses d’Ivan Nagy ou Un tueur dans la ville d’Armand Mastroianni. Mais Les Yeux de Laura Mars se traîne un peu au fil de son intrigue policière – qui prend vite le dessus sur l’aspect parapsychologique de l’histoire – et ne parvient pas à éviter les clichés esthétisants inhérents aux années 80. De ce côté-là, force est de constater que l’aspect disco du film n’a pas franchi sans mal le cap des années. La mise en scène de Kershner demeure efficace et ses jeux fréquents sur le regard – appareils photos, caméra vidéo, et surtout miroirs multiples – ont beaucoup de pertinence, sous l’influence manifeste des giallos venus d’Italie. La beauté un peu glaciale de Faye Dunaway se prête à merveille au personnage, son regard pénétrant justifiant à lui seul le titre du film. Le dénouement d’un tel récit se devait d’être inattendu. Il ne l’est qu’à moitié. John Carpenter lui-même reconnaîtra que le scénario n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il avait écrit, la révélation finale ayant notamment complètement été revue et corrigée. Deux mois après Les Yeux de Laura Mars sortira Halloween, beaucoup plus conforme à l’univers de son réalisateur et promis à un véritable triomphe. Irvin Kershner, de son côté, s’en ira mettre en scène L’Empire contre-attaque pour George Lucas.

 

© Gilles Penso


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