

Le héros spatial parodique né en 1974 revient tardivement bander ses muscles dans cette séquelle graveleuse et déjantée…
FLESH GORDON MEETS THE COSMIC CHEERLEADERS
1990 – CANADA
Réalisé par Howard Ziehm
Avec Vince Murdocco, Robyn Kelly, Tony Travis, William Dennis Hunt, Morgan Fox, Bruce Scott, Maureen Webb, Stevie-Lyn Ray, Sharon Rowley, Blaire Kashino
THEMA SPACE OPERA
En 1974, Flesh Gordon détournait avec irrévérence le célèbre serial Flash Gordon, pastichant son sous-texte sexuel latent avec peu de moyens mais beaucoup d’idées (et un beau déferlement d’effets spéciaux conçus par quelques ténors de la profession alors en début de carrière). Face au succès de ce premier opus devenu instantanément culte, le producteur et réalisateur Howard Ziehm songe à lui donner une suite. À la fin des années 1970, il développe donc un projet baptisé The Further Adventures of Flesh Gordon (« Les nouvelles aventures de Flesh Gordon »), qu’il coécrit avec Carol Chassen. Cette fois, il vise une classification R (moins restrictive que le X du premier opus), espérant élargir son public. Mais le budget estimé dépasse vite les 1,5 million de dollars proposés par American International Pictures. Il faudra attendre les années 80 pour que le projet revive. Grâce à l’intervention du producteur canadien Maurice Smith, le film change de nom – Flesh Gordon Meets the Cosmic Cheerleaders (« Flesh Gordon rencontre les pom-pom girls cosmiques ») – et obtient enfin un financement solide, ainsi qu’une distribution internationale. Près de 17 ans après le premier opus, Ziehm peut enfin donner corps à sa suite. Si William Dennis Hunt reprend son rôle de dictateur maléfique, le reste du casting change intégralement. Et c’est le champion d’arts martiaux Vince Murdocco qui endosse le rôle-titre.


Des années après avoir libéré la planète Porno du joug de l’empereur Wang, Flesh Gordon est devenu vedette de cinéma et reproduit dans des films minables ses exploits passés. Alors qu’un accident interrompt l’un des tournages auxquels il participe, Flesh est kidnappé par quatre pom-pom girls à bord d’un vaisseau spatial et emmené sur une étrange planète récemment entrée dans le système solaire. Ces jeunes femmes, membres de la « Society of Cheerleaders to Rehabilitate Erections Worldwide », expliquent qu’elles ont besoin de son essence sexuelle vitale, car leur planète est frappée par un fléau d’impuissance. Pour secourir Flesh, Dale Ardor (Robyn Kelly) fait appel au Dr E. Jackull (Tony Travis), qui les conduit à bord de son vaisseau vers cette mystérieuse planète. Flesh est libéré, mais Dale est aussitôt capturé par la « Présence maléfique », un super-vilain redoutable qui projette de remplacer son propre pénis impuissant par celui de Flesh !
Des seins animés
Volontairement kitsch, ringard et stupide, Le Retour de Flesh Gordon assume tant sa bêtise et sa nullité qu’il en devient sympathique, presque recommandable. Le film a le mérite de ne pas nous tromper sur la marchandise avec ses gags à répétitions : un vaisseau spatial en forme de sein géant, un savant qui rêve de créer des poitrines démesurées, un système de pilotage à base de tétons qu’il faut lécher, un parachute en forme de soutien-gorge géant… Les créatures, conçues cette fois-ci par Jim Towler, se partagent entre des marionnettes (notamment un King Kong incontinent et un poulpe lubrique), et de nouvelles figurines en stop-motion. Parmi celles-ci, on note un extra-terrestre bipède aux yeux exorbités et un pénis sur pattes, animés tous deux par Lauritz Larson (qui donne parfois le sentiment d’être atteint de la maladie de Parkinson tant les mouvements des bestioles en question sont saccadés !). Quand ils n’ont pas des formes mammaires, les vaisseaux spatiaux sont phalliques (comme le démontre cet aberrant défilé d’engins volants pendant le générique de début), et les héros eux-mêmes n’échappent pas à ce festival d’absurdités. Flesh Gordon est donc un bellâtre en costume de carnaval victime de majorettes spatiales nymphomanes, sa fiancée Dale ressemble à une femme fatale des films noirs des années 40 jusqu’à ce qu’elle perde son apparente dignité et finisse par être jetée en pâture au poulpe cité plus haut, le docteur Jackull est un savant obsédé non seulement par les mamelles mais aussi par les poules… Bref, aucun excès n’est interdit. Une grosse partie de l’inventivité du premier Flesh Gordon s’est hélas envolé à l’occasion de cette séquelle tardive qui subira une salve de critiques assassines mais connaîtra un petit succès grâce à sa distribution en VHS puis en DVD.
© Gilles Penso
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