MORTAL KOMBAT (1995)

Loin d’être un chef d’œuvre, cette adaptation décomplexée du fameux jeu vidéo fut une sympathique surprise à l’époque de sa sortie…

MORTAL KOMBAT

 

1995 – USA

 

Réalisé par Paul W.S. Anderson

 

Avec Christophe Lambert, Robin Shou, Cary-Hiroyuki, Tagawa Linden-Ashby, Bridgette Wilson, Talisa Soto, Trevor Goddard

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Quand Mortal Kombat débarque dans les salles en 1995, le jeu vidéo culte lancé par Midway a déjà emballé toute une génération. Aux commandes, Paul W.S. Anderson, jeune réalisateur britannique alors quasi-inconnu. Fan de jeux vidéo, il comprend que l’essence de Mortal Kombat repose essentiellement sur du combat pur inscrit au sein d’une mythologie simple. Anderson veut respecter l’univers tout en le rendant accessible. Avec un budget modeste (environ 18 millions de dollars), il mise sur des chorégraphies explosives, des effets spéciaux spectaculaires et une bande-son tonitruante. Le casting est éclectique : Christophe Lambert en dieu du tonnerre Raiden, Robin Shou en Liu Kang, Linden Ashby en Johnny Cage, et Bridgette Wilson en Sonya Blade. Chacun campe un héros embarqué dans un tournoi d’arts martiaux interdimensionnel, où l’enjeu n’est rien de moins que l’avenir de la Terre. Face à eux, le sorcier maléfique Shang Tsung (interprété par Cary-Hiroyuki Tagawa) et ses guerriers démoniaques comptent bien précipiter l’humanité dans l’obscurité éternelle. Le synopsis, simple mais efficace, tient en une ligne : pour sauver leur monde, de valeureux combattants doivent triompher dans un tournoi mythique contre des adversaires surpuissants venus d’autres dimensions.

Pour ceux qui associaient encore les adaptations de jeux vidéo à des ratages aussi spectaculaires que Super Mario Bros. ou Street Fighter, Mortal Kombat aura fait figure d’heureuse exception. Si elle ne se distingue pas par sa finesse, cette nouvelle tentative de transposer un jeu d’arcade sur grand écran possède quelques solides atouts. D’abord le parti pris simple d’Anderson, qui choisit de rester fidèle au jeu original sans s’encombrer d’un long exposé ou d’une pseudo-psychologie des personnages. Ensuite son casting, qui se prête au jeu avec une réjouissante absence de prétention. Mention spéciale aux deux personnages féminins : Bridgette Wilson, pétillante blonde révélée dans Last Action Hero, et Talisa Soto, beauté exotique et ancienne James Bond girl dans Permis de tuer. Christophe Lambert, lui, reste discret malgré son nom en tête d’affiche, se contentant de lâcher quelques vannes – et de nous gratifier de son fameux rire – sous un look d’Highlander sage et vieilli.

Gare à Goro !

Le film s’offre également un monstre inédit : Goro, un redoutable colosse à quatre bras, conçu par le talentueux duo Tom Woodruff et Alec Gillis, déjà responsables du dynamique extraterrestre d’Alien 3. « Je crois que la création de Goro fut la chose la plus compliquée de notre carrière », confie Woodruff. « Rétrospectivement, c’était une chance pour nous de nous attaquer à ce défi avant l’avènement des effets numériques et de voir jusqu’où nous pouvions aller avec les effets physiques. Nous avons développé nos propres moteurs, nos pistons électroniques, tout ce qui était nécessaire pour actionner les bras, le cou, la tête et le visage de Goro. Nous devions également mettre au point un costume télémétrique, autrement dit une combinaison équipée de capteurs afin qu’un seul marionnettiste puisse effectuer la performance physique, ses mouvements étant reproduits de manière naturelle par le corps animatronique. Nous y avons passé beaucoup de semaines sans week-ends et de nuits blanches. Mais le résultat en valait la peine. » (1) Cet impressionnant mélange de costume spécial, d’effet de maquillage et d’animatronique, allié à un humour salvateur qui émaille régulièrement le film, apporte un souffle bienvenu. Cela dit, au bout d’une moitié de métrage, cette succession de combats acrobatiques sur fond de musique techno devient franchement répétitive et fixe rapidement ses propres limites. Car sans l’interactivité propre aux jeux vidéo, une quinzaine de combats perd vite de son intérêt.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2018

 

© Gilles Penso

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