WALLACE ET GROMIT : LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU (2005)

Le génial duo créé par les joyeux drilles d’Aardman affronte un lapin géant mutant au beau milieu du concours de la plus belle carotte…

WALLACE AND GROMIT : THE CURSE OF THE WERE-RABBIT

 

2005 – GB

 

Réalisé par Steve Box et Nick Park

 

Avec les voix de Peter Sallis, Ralph Fiennes, Helena Bonham Carter, Peter Kay, Nicholas Smith, Liz Smith, John Thomson, Mark Gatiss, Vincent Ebrahim

 

THEMA MAMMIFÈRES

Avec Le Mystère du lapin-garou, Wallace et Gromit quittent enfin le format court pour s’aventurer dans un long-métrage digne de la folie douce que nous leur connaissons. Après les cultissimes Une grande excursion, Un mauvais pantalon et Rasé de près, le duo le plus british de l’histoire de l’animation en pâte à modeler s’offre donc une grande aventure à la fois absurde, attachante et délicieusement rétro. Il ne s’agit certes pas du premier long du studio Aardman – Chicken Run avait ouvert la voie cinq ans plus tôt -, mais après ce galop d’essai indiscutablement réussi, Wallace, l’inventeur lunaire accro au fromage, et Gromit, son chien flegmatique et muet, partent enfin à la conquête des salles de cinéma (même si leurs aventures courtes avaient eu l’occasion d’être présentées sur grand écran à la faveur de compilations de plusieurs pépites d’Aardman). Nichés dans leur village anglais gentiment caricatural, les deux compères gèrent Anti-Pesto, une entreprise de dératisation éthique spécialisée dans la capture des lapins qui menacent les potagers du coin. Mais à l’approche du grand concours annuel de légumes, une créature étrange – gigantesque, poilue, et mystérieusement attirée par les carottes – commence à ravager les récoltes. Le « lapin-garou » est lâché dans la nature, et seuls Wallace et Gromit semblent en mesure de l’arrêter…

Nick Park et Steve Box orchestrent ce récit déjanté comme une comédie d’aventure teintée de film d’horreur à l’ancienne. On y retrouve donc des échos de Frankenstein, Le Loup-garou ou King Kong, auxquels le film rend des hommages assumés. Chaque décor regorge de détails savoureux – affiches absurdes, mécanismes improbables, objets détournés – et la mise en scène déborde d’élégance et de rythme. Merveilleux jeu d’équilibre entre l’artisanat – induit par la technique de l’animation image par image – et les codes du blockbuster d’animation, Le Mystère du lapin-garou ne perd jamais de vue son atout majeur : ses personnages. Gromit, sans prononcer un mot, exprime plus par un regard ou un soupir qu’une ribambelle de dialogues. Wallace, quant à lui, continue d’explorer la science avec le même mélange d’enthousiasme et d’inconscience. Et c’est justement une de ses inventions, le Mind-O-Matic, qui va déclencher le chaos.

Gare au garou !

La finesse du casting vocal est la cerise sur le gâteau, ou plutôt sur la carotte. Peter Sallis reprend son rôle de Wallace avec la bonhommie qu’on lui connaît, tandis que Ralph Fiennes et Helena Bonham Carter donnent vie à deux nouveaux personnages hauts en couleurs : le vaniteux Lord Quartermaine, caricature du mâle alpha obsédé par la chasse, et Lady Tottington, passionnée de nature et sensible au charme de Wallace. Ce triangle improbable offre au film un soupçon de romance naïve, tout en consolidant sa critique joyeuse des archétypes britanniques. Modèle de narration et d’humour visuel, ce premier Wallace et Gromit version longue alterne avec brio gags burlesques et références cinéphiles, avec un sens du tempo impeccable. Récompensé par l’Oscar du meilleur film d’animation en 2006, le film est aussi un exploit technique : cinq années de production, plus de cent animateurs, des décors miniatures hallucinants. Un travail de patience et de minutie pour obtenir en moyenne trois secondes utiles par jour. Aujourd’hui encore, l’émerveillement reste intact. En rupture technologique assumée avec les productions Pixar ou DreamWorks qui crevaient les écrans à la même époque, Wallace et Gromit : le Mystère du lapin-garou n’a pas pris une ride. Un second long-métrage lui succèdera deux décennies plus tard : Wallace et Gromit : la palme de la vengeance.

 

© Gilles Penso

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