DOUBLE ZÉRO (2004)

Le réalisateur de Taxi dirige Éric, Ramzy et Edouard Baer dans une parodie de James Bond affligeante malgré ses très gros moyens…

DOUBLE ZÉRO

 

2004 – FRANCE

 

Réalisé par Gérard Pirès

 

Avec Éric Judor, Ramzy Bedia, Edouard Baer, Georgianna Robertson, François Chattot, Didier Flamand, Rossy de Palma, Li Xin, Nino Kirtadze, François Berland

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Réalisateur de comédies bien franchouillardes depuis la fin des années 1960 (Erotissimo, Fantasia chez les ploucs, Attention les yeux, L’Ordinateur des pompes funèbres), Gérard Pirès change de cap en réalisant Taxi pour Luc Besson en 1998. Dès lors promu spécialiste de l’action et des gros budgets, notre homme se lance dans le thriller Riders puis se voit confier par Thomas Langmann la mise en scène de Double zéro. Peu réputé pour la finesse de ses choix, malgré quelques miraculeux coups d’éclat comme The Artist, Langmann alloue au film une confortable enveloppe de 20 millions de dollars et s’appuie sur un scénario d’Alexandre Coquelle et Matthieu Le Naour – qui co-signent sous le pseudonyme de Matt Alexander et plagient allègrement le script du Drôles d’espions de John Landis en y injectant une bonne dose de science-fiction. Choisis pour tenir le haut de l’affiche après le succès de La Tour Montparnasse infernale, Éric Judor et Ramzy Bedia s’apprêtent à endosser le smoking d’émules parodiques de James Bond. Le problème, c’est que Gérard Pirès n’apprécie que moyennement leur humour et rejette la grande majorité de leurs propositions pour concocter ses propres gags et suivre ses idées personnelles. Le fossé créatif se creuse de jour en jour, au fil d’un tournage de 14 semaines qui laissera un souvenir très frustrant aux deux comédiens, habitués à beaucoup plus de liberté d’action.

La DGSE est sur les dents, nous apprend le prologue de Double zéro. Un missile vient en effet d’être dérobé et il semblerait qu’il y ait une taupe dans la maison. Pour récupérer l’arme nucléaire, les dirigeants de l’agence décident d’engager deux civils particulièrement maladroits, pour ne pas dire stupides, William Le Sauvage (Ramzy) et Benoît Rivière (Judor). Leur rôle : servir de couverture aux vrais espions. Les deux hommes ignorent évidemment le but réel de leur présence au sein de cette opération. Se sentant investis d’une lourde responsabilité, ils se prennent au jeu et se retrouvent bientôt entre les griffes de Le Mâle (Edouard Baer), un magnat du monde de la mode qui, caché derrière son armée de top models menée par la redoutable Natty Dreads (Georgianna Robertson), projette de dominer le monde en rendant impuissants tous les hommes de la planète grâce à une invention diabolique…

Sourire peut attendre

Peu aidés par un réalisateur complètement à côté de la plaque, Éric et Ramzy font leur numéro en pilotage automatique et ne semblent pas comprendre eux-mêmes ce qu’ils sont censés faire. Le film finit par en devenir très embarrassant, d’autant que tous les autres acteurs du film leur donnent la réplique sans la moindre conviction. Même Edouard Baer, toujours prompt à se lancer dans des tirades improvisées, l’œil pétillant et le sourire en coin, se contente ici du service minimum. Aucun gag ne fonctionne ni ne provoque ne serait-ce qu’un sourire. Pour une comédie, c’est tout de même un comble. Gérard Pirès, lui, s’intéresse beaucoup plus aux explosions, aux effets spéciaux, aux cascades, aux combats, au déploiement de tout l’arsenal militaire à sa disposition et aux bestioles en image de synthèse (des lapins cartoonesques et des raies anthropophages). Bien sûr, ces cache-misères spectaculaires ne sauvent pas Double zéro du désastre. Comme si ça ne suffisait pas, le réalisateur, visiblement encore sous l’influence de Luc Besson, prend un malin plaisir à saturer l’écran de femmes taille mannequin en petites tenues qu’il objectifie avec une obsession digne d’un adolescent en chaleur. L’accueil glacial réservé à Double zéro n’est donc pas très surprenant. Rarement film aura autant mérité son titre.

 

© Gilles Penso

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