

Une modeste imitation de Mad Max 2, produite par Roger Corman et réalisée par un grand spécialiste du cinéma d’exploitation philippin…
STRYKER
1983 – PHILIPPINES / USA
Réalisé par Cirio H. Santiago
Avec Steve Sandor, Andria Savio, William Ostrander, Michael Lane, Julie Gray, Monique St Pierre, Jon Harris, Ken Metcalfe, Joseph Zucchero, Michael De Mesa
THEMA FUTUR
En 1983, à l’apogée de la mode post-apocalyptique déclenchée par Mad Max 2, Roger Corman et sa société New World Pictures lancent la production de Stryker. Fidèle à son modèle économique fondé sur les petits budgets et les rendements rapides, Corman choisit de confier la réalisation du film à l’un de ses plus fidèles partenaires à l’étranger : Cirio H. Santiago, figure emblématique du cinéma d’exploitation philippin. Né en 1936, Santiago s’est imposé dans les années 1970 et 1980 comme l’un des piliers d’une industrie locale florissante, capable de produire à la chaîne des films destinés au marché international (ses « titres de gloire » ont des appellations colorées comme TNT Jackson, Attaque à mains nues ou Mission finale). Réputé pour son efficacité, il devient un collaborateur régulier de Corman, qui voit dans les Philippines un terrain de tournage idéal : des coûts réduits, des décors naturels facilement exploitables, et une main-d’œuvre technique bien rodée. Stryker s’inscrit donc dans cette logique de coproduction hybride. La distribution est constituée d’acteurs américains de seconde zone, mais la réalisation, l’équipe technique et les sites de tournage sont entièrement locaux.


« La guerre a commencé par erreur », nous dit une voix off en guise d’introduction. « L’erreur de qui ? Personne ne le sait, et ça importe peu. Ce qui importe désormais, c’est la survie. » Dans le monde ravagé par un holocauste nucléaire que nous décrit Stryker, la civilisation s’est effondrée, laissant place à un vaste désert aride où l’eau est devenue la denrée la plus précieuse. Les rares survivants se sont regroupés en colonies et mènent une guerre sans merci pour le contrôle des dernières sources. C’est dans ce contexte chaotique que surgit Stryker (Steve Sandor), un ancien soldat devenu vagabond, parcourant les routes brûlantes du désert aux côtés d’un compagnon d’infortune surnommé Bandit (William Ostrander). Lorsque Stryker croise le chemin de Delha (Andria Savio), une jeune femme traquée par les sbires du seigneur de guerre Kardis (Mike Lane), il décide de lui porter secours. Delha détient un secret lourd de conséquences : elle connaît l’emplacement d’une source d’eau intacte, jalousement gardée par un groupe d’Amazones. Tandis que Kardis et ses guerriers se lancent à leurs trousses, Stryker conduit Delha jusqu’à une communauté paisible dirigée par son frère Trun (Ken Metcalfe)…
Bad Max
Stryker ne cherche jamais à cacher son statut d’imitation bon marché de Mad Max 2. Dans le rôle du héros solitaire flanqué d’un chapeau de cow-boy, Steve Sandor campe un peu expressif substitut de Mel Gibson, au volant d’une voiture imitant l’Interceptor. Riche en fusillades, en bagarres et en poursuites, le film exhibe toute une série de véhicules recustomisés (Jeeps, camions-citernes, tricycles à moteur, chars d’assaut) mais n’offre rien que nous n’ayons déjà vu ailleurs. Pour sacrifier aux codes du cinéma d’exploitation qu’il connaît bien, Santiago se laisse tenter par quelques accès de violence décomplexés et par un soupçon de nudité féminine. Il tente aussi d’enrichir l’intrigue et de donner un semblant d’épaisseur aux personnages par le biais d’un flash-back en noir et blanc racontant furtivement le passif qui oppose le héros et le grand méchant. Peine perdue : Stryker est un film terriblement ennuyeux, tourné dans des décors d’une grande pauvreté esthétique, qui ne nous égaie que via une série de trouvailles amusantes (une tribu d’Amazones armées d’arcs et d’arbalètes, une peuplade de nains au langage incompréhensible et cette idée astucieuse qui consiste à préférer à la pénurie d’essence habituelle celle de l’eau). Le film connaîtra tout de même un petit succès et poussera Santiago à enchaîner plusieurs autres séries B post-apocalyptiques du même acabit.
© Gilles Penso
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