LES EXTERMINATEURS DE L’AN 3000 (1983)

Sur une terre ravagée par l’apocalypse nucléaire, des petits groupes de rebelles se battent pour trouver la dernière source d’eau…

IL GIUSTIZIERE DELLA STRADA

 

1983 – ITALIE / ESPAGNE

 

Réalisé par Giuliano Carnimeo

 

Avec Robert Iannucci, Alicia Moro, Luciano Pigozzi, Eduardo Fajardo, Fernando Bilbao, Beryl Cunningham, Luca Venantini, Anna Orso

 

THEMA FUTUR

Dans les années 80, les imitations italiennes de Mad Max 2 ne manquaient pas, générant un sous-genre complet qu’on pourrait qualifier de « post-apo bis ». Au milieu de cette joyeuse abondance ayant fleuri pendant les grandes heures des vidéoclubs, il n’est pas toujours simple de faire le tri. Les amateurs du genre ont tendance à tout visionner, quitte à se payer de bonnes tranches de rire au second degré. Mais certains films de cette catégorie sortent tout de même du lot, et Les Exterminateurs de l’an 3000 en fait partie. Attention : n’allons pas crier au chef d’œuvre non plus, ni oser la comparaison avec le classique futuriste de George Miller. Mais force est de constater que le réalisateur Giuliano Carnimeo (signataire des Rendez-vous de Satan crédité ici sous le pseudonyme américanisé de Jules Harrison) met du cœur à l’ouvrage. Cette co-production italo-espagnole, filmée en grande partie dans le désert d’Almeria, met en vedette Robert Inannucci, sélectionné principalement pour son sex-appeal et son regard bleu acier (il était à l’époque mannequin dans les publicités de Calvin Klein). Son personnage solitaire (qui répond au surnom d’« Alien ») est un mercenaire sans foi ni loi – qui s’embarrasse bien peu de morale – à mi-chemin entre le Max incarné par Mel Gibson et le cowboy que campait Clint Eastwood pour Sergio Leone.

Nous sommes donc en l’an 3000, comme le titre l’indique assez explicitement. La Terre a été transformée en désert après une guerre nucléaire. Désormais, les survivants vivent derrière des remparts ou dans des grottes tandis que la surface est contrôlée par des bandes sauvages de maraudeurs armés, qui arpentent à bord de leurs véhicules relookés les « terres défendues ». Désormais, l’eau est devenue la denrée la plus précieuses. Certains la cherchent dans l’espoir de faire renaître la nature, d’autres pour assoir leur domination ou en tirer un maximum de profit. Fred, le membre d’une communauté dirigée par un bienveillant « sénateur », a quitté les siens pour ramener de l’eau mais n’est jamais revenu. Une seconde expédition part donc chercher la fameuse source qui pourrait régler tous les problèmes. Mais Tommy, le jeune fils de Fred, s’est embarqué clandestinement dans l’un des camions. Lorsqu’une bande de fanatiques menée par le redoutable Crazy Bull prend en chasse l’expédition, Tommy s’échappe et tombe nez à nez avec le mercenaire Alien…

Les fous du volant

Les Exterminateurs de l’an 3000 met un peu de temps à nous présenter ses protagonistes, préférant d’abord décrire le cadre sauvage dans lequel va s’inscrire l’histoire. Nous suivons donc d’abord les pas de deux policiers patibulaires dans l’épave qui leur sert de voiture, puis le surgissement agressif d’Alien qu’il nous est bien difficile de placer dans un camp quelconque – les bons ou les méchants ? D’emblée, le film affiche son ambition majeure : mettre le paquet du côté des cascades automobiles, des poursuites de voitures, des destructions, des déflagrations et des gunfights. De ce côté-là, le film de Carnimeo s’avère extrêmement généreux, rivalisant presque – toutes proportions gardées – avec son modèle australien. Les véhicules voltigent en tous sens ou explosent dans de belles gerbes de flammes, les combats mano a mano abondent, tous ces déchaînements musclés permettant de combler un scénario désespérément basique qui n’a pas la prétention de réinventer quoi que ce soit. Le réalisateur ne cherche d’ailleurs jamais à contourner son influence majeure, imitant sans scrupule les véhicules, les personnages et les situations du film de George Miller. Nous avons même droit à un équivalent de la voiture Interceptor – baptisé ici Exterminator – et à un méchant qui imite fidèlement le Wez qu’incarnait deux ans plus tôt Vernon Wells. Quelques éléments « pulps » viennent enrichir le cocktail (un garçon bionique, des mutants au visage rongé, un sanctuaire piégé comme un temple d’Indiana Jones) jusqu’à un suspense final franchement réussi qui place définitivement Les Exterminateurs de l’an 3000 sur le haut du panier en matière d’imitations low-cost de Mad Max 2.

 

© Gilles Penso


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