ARAIGNÉE (L’) (1967-1970)

La première série animée consacrée aux aventures de Spider-Man est un succès international, dont la chanson est encore dans toutes les mémoires…

SPIDER-MAN

 

1967/1970 – USA / CANADA

 

Créée par Robert Lawrence

 

Avec les voix de Paul Soles, Peg Dixon, Paul Kligman, Bernard Cowan, Tom Harvey, Gillie Fenwick, Len Carlson, Henry Ramer, Chris Wiggins

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA SPIDER-MAN I MARVEL COMICS

En 1967, soit cinq ans après sa création par Stan Lee et Steve Ditko, Spider-Man s’échappe des planches dessinées pour faire sa première apparition sur le petit écran à l’occasion d’une série animée devenue mythique, notamment grâce à la chanson délicieusement sixties écrite par Bob Harris et Paul Francis Webster. Diffusée initialement sur la chaîne ABC de septembre 1967 à juin 1970, cette co-production américano-canadienne ne bénéficie pas de moyens conséquents, ce qui oblige ses créateurs à réutiliser inlassablement les mêmes boucles d’animation, notamment lorsque l’homme-araignée voltige d’immeuble en immeuble, court et grimpe aux murs. Les restrictions budgétaires poussent les dessinateurs à simplifier son costume en ne reprenant le motif de la toile que sur son masque, ses mains et ses pieds. Même le logo de l’araignée, qui apparaît sur sa poitrine et son dos, a été ramené de huit à six pattes ! Malgré toutes ces limitations, le graphisme reste assez fidèle aux dessins de Steve Ditko et John Romita, le dynamisme des acrobaties du monte-en-l’air étant accru par des bruitages à la Hanna et Barbera et une musique swing composée par Ray Ellis.

La première saison alterne la présence des super-vilains puisés dans le comic book original avec d’autres inventés de toutes pièces. Parmi les ennemis « classiques », le téléspectateur retrouve Electro, Mysterio, le robot anti-araignée du professeur Smythe, le Vautour, le Scorpion, l’Homme-Sable, le Bouffon Vert, le Rhino et les Exécuteurs. Certaines libertés sont prises avec certain d’entre eux, notamment le Lézard, affublé ici d’une tête aplatie qui lui donne des allures de crapaud, et dont l’alter-ego, le professeur Connor, n’est plus un scientifique manchot cherchant à régénérer les membres perdus. Mais dans l’ensemble, les consultants de la série, qui ne sont autre que Stan Lee et John Romita, s’assurent d’une relative fidélité au matériau original. Bizarrement, il faudra attendre le début de la saison 2 pour avoir droit à un épisode racontant les origines du super-héros. Mais cette relative fidélité à la bande dessinée s’évapore bien vite pour basculer dans l’heroïc-fantasy délirante et la science-fiction outrancière. La raison de ce brusque changement de cap est imputable à la présence de Ralph Bakshi. Le futur réalisateur de Fritz the Cat et de la version animée du Seigneur des Anneaux est en effet sollicité pour produire, réaliser et superviser les histoires des saisons 2 et 3, qui ne sont plus produites par Grantray Lawrence Animation mais par Krantz Films. Au gré de l’imagination débordante de Bakshi et de ses scénaristes, Spider-Man quitte New-York pour se retrouver au centre de la Terre, dans des châteaux gothiques, des jungles antédiluviennes ou des mondes parallèles.

« Tonnerre de saperlipopette ! »

Le budget de cette saison étant encore plus faible que celui de la précédente, les répétitions de plans identiques deviennent flagrantes, l’animation est plus figée que jamais et les faux raccords abondent. Bakshi fait même des économies en recyclant de larges extraits de la série Rocket Robin Hood qu’il a produite quelques années plus tôt. La saison 3 nous ramène dans New York, mais continue à collecter les vilains invraisemblables, parmi lesquels on note un bonhomme de neige géant, un cowboy volant sur un cheval-hélicoptère, un baron allemand mégalomane et sa forteresse volante, un chevalier en armure médiévale qui chevauche une moto couverte de blasons, un Atlante qui engloutit Manhattan sous les flots ou encore un extraterrestres cyclope aux allures de crustacé bipède. La série aura donc été marquée par plusieurs baisses qualitatives et par des dialogues d’une grande naïveté, aggravés en France par le doublage réalisé à l’époque au Canada. Des répliques aussi improbables que « tonnerre de saperlipopette ! », « mille millions de poissons chats ! » ou « me voilà débarrassé de ce petit foutriquet ! » abondent donc dans cette version française improbable où certains personnages sont même renommés (Peter Parker s’appelle Pierre Parker dans les premiers épisodes, le Lézard devient le Caïman, le Bouffon Vert est rebaptisé le Lutin Vert) et où les méchants roulent les airs comme des chanteurs d’opérette. Pourtant, le public français salua avec enthousiasme cette série, dont la diffusion coïncida avec la publication du très populaire magazine Strange consacré aux héros Marvel.

 

© Gilles Penso

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