JU-ON : THE CURSE 2 (2000)

Suite directe du premier opus de la franchise The Grudge, cette seconde partie élargit encore le scope de la malédiction tentaculaire de Kayako et Toshio…

JU-ON 2

 

2000 – JAPON

 

Réalisé par Takashi Shimizu

 

Avec Yûrei Yanagi, Takako Fuji, Takashi Matsuyama, Ryôta Koyama, Yûko Daike, Makoto Ashikawa, Tomohiro Kaku, Mayuko Saitô, Yue, Miyako Nakatsuka

 

THEMA FANTÔMES I SAGA THE GRUDGE

Si la chute du premier Ju-On pouvait laisser les spectateurs sur leur faim, c’est parce qu’il ne s’agissait pas de la fin initiale prévue par son scénariste/réalisateur. En concédant à ramener son film à une durée de 75 minutes pour satisfaire les besoins du marché vidéo, Takashi Shimizu s’était retrouvé avec 45 minutes en trop. Refusant de les jeter à la poubelle, il décida d’interrompre son premier récit à mi-parcours pour pouvoir le poursuivre dans un second film : Ju-On : The Curse 2. Problème : avec seulement trois-quarts d’heure de métrage à sa disposition, comment monter un long-métrage digne de ce nom ? Pour y parvenir, Shimizu choisit de consacrer les trente premières minutes de cette séquelle à un long résumé constitué d’extraits du film précédent. Ceux qui connaissent déjà les mésaventures du professeur Kobayashi, de la famille Murakami, de la lycéenne Mizuho, de l’inspecteur Yoshikawa ou de l’agent immobilier Suzuki peuvent donc tranquillement zapper la première demi-heure de Ju-On : The Curse 2 pour reprendre les événements là où ils les avaient laissés. Comme dans le premier film, la narration est ici divisée en segments s’attachant chacun à un personnage différent, tous victimes de la malédiction des fantômes Kayako et Toshio.

Passées les trente premières minutes, nous retrouvons l’un des protagonistes de la fin du film précédent, en l’occurrence Kyoko Suzuki (Yûko Daike). Sensible aux « mauvaises ondes », cette jeune femme a aidé son frère Tatsuya (Makoto Ashikawa), agent immobilier, à placer une famille dans la maison des Saeki. Or c’est l’endroit où eut lieu le double homicide de Kayako et Toshio. En visitant les lieux, elle est aussitôt troublée par l’atmosphère qui y règne. Lorsqu’elle y retourne après la vente, son malaise s’accroit considérablement. Les nouveaux propriétaires n’ont-ils pas un regard étrange ? Encore perturbée, Kyoko rend visite à son jeune neveu. Soudain, tous deux sont témoins d’une vision d’épouvante. Désormais, les voilà marqués par la terrible malédiction des spectres vengeurs. Le mal s’apprête alors à se propager partout autour d’eux…

Les contorsions de la terreur

Comme son prédécesseur, le film tire sa force de sa non-linéarité et de la place qu’il laisse aux spectateurs pour réorganiser les événements dans son esprit. Cette fragmentation de la narration n’est pas sans évoquer la démarche artistique d’un David Lynch. Le réalisateur de Lost Highway nous vient d’ailleurs plusieurs fois à l’esprit lorsque Takashi Shimizu laisse jaillir sur les écrans des séquences insensées et surréalistes : une scène de crime apparaissant en surimpression derrière le rideau d’un appartement – avec une texture pleine de parasites qui lui donne l’aspect incompréhensible d’une image vidéo -, la tête de l’enfant fantôme qui émerge à moitié d’un plancher en miaulant, ou encore un visage spectral disproportionné qui glisse sur un plafond. Ici, la peur ne passe pas par des effets faciles consistant à faire sursauter les spectateurs mais par des jeux d’arrière-plan, des figures figées dans un hurlement muet, des regards hagards, des teints livides, des mouvements saccadés. Les multiples contorsions de la terreur que déploie Shimizu trouvent leur point d’orgue lors d’une séquence démente situé dans les couloirs d’une école. On pourra regretter que les deux volets de Ju-On aient été artificiellement séparés en deux, car le métrage aurait certainement conservé une meilleure cohérence en restant d’un seul tenant.

 

© Gilles Penso

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