BLANCHE NEIGE (2025)

Un énième remake « live » d’un classique de Disney dont chacun des choix artistiques est une énorme erreur qui précipita sa chute au box-office…

SNOW WHITE

 

2025 – USA

 

Réalisé par Marc Webb

 

Avec Rachel Zegler, Gal Gadot, Emilia Faucher, Andrew Burnap, Ansu Kabia, Andrew Barth Feldman, Tituss Burgess, Martin Klebba, Jason Kravits

 

THEMA CONTES

Marc Webb ne nous avait pas particulièrement convaincus avec son diptyque The Amazing Spider-Man. Mais à sa décharge, comment lutter contre la géniale trilogie de Sam Raimi ? Il échoue une nouvelle fois à nous séduire avec ce Blanche-Neige, qui s’avère être une véritable catastrophe artistique et industrielle. L’entrée en matière est déjà peu engageante : des animaux en image de synthèse dignes du siècle dernier, une voix off envahissante au ton exagérément mélancolique, un numéro musical médiocre filmé comme un spot publicitaire… Lorsque Gal Gadot entre en scène, les choses semblent s’améliorer, dans la mesure où la beauté envoûtante de l’ex-Wonder Woman nous ferait presque croire à ses pouvoirs surnaturels. Le choix de Rachel Zegler est beaucoup plus discutable, pas tant parce que c’est une actrice d’origine latino-américaine (décision tant décriée à l’époque de la sortie du film, qui semblait entrer en contradiction radicale avec les caractéristiques physiques intrinsèques d’un personnage nommé Blanche Neige), mais parce qu’elle n’a tout simplement pas l’étoffe du rôle. Sous la direction inspirée de Steven Spielberg, elle nous émouvait par sa candeur et sa fragilité dans la peau de la Maria de West Side Story. Mais au jeu du mimétisme avec son illustre ancêtre dessiné, la comédienne se prend hélas les pieds dans le tapis.

Cette erreur de casting n’est pourtant pas le problème principal du film de Marc Webb, dont le défaut majeur réside dans une consensualité poussée à l’extrême. Lorsque Walt Disney initiait le classique de 1937, il cassait les codes, repoussait les limites, prenait tous les risques : un pari jugé insensé, mais couronné de succès. Ce remake, au contraire, adopte une démarche diamétralement opposée : ne froisser personne, plaire à tout le monde, cocher toutes les cases imposées par un bureau de marketing, quitte à perdre toute audace créative. Soucieux d’afficher des valeurs de diversité et d’inclusion, le Blanche Neige de 2025 en oublie l’essentiel : proposer une œuvre originale, artistiquement ambitieuse, guidée par de vrais choix d’auteur. Las, c’est exactement l’inverse qui nous est servi.

Nain porte quoi !

Quand il ne se contente pas de singer platement son modèle animé (avec des costumes dignes d’un rayon déguisement et des effets visuels ratés), le film ajoute des chansons d’une mièvrerie confondante, refuse d’employer des acteurs de petite taille pour éviter toute stigmatisation (au prix de sept rôles supprimés, remplacés par des créatures numériques bas de gamme), et revendique fièrement son audace : Blanche-Neige ne sera pas blanche cette fois-ci. Ce geste politique mal assumé aurait pu rester anecdotique si l’actrice incarnait pleinement le personnage. Mais le film s’en empare comme d’un argument de vente, et se prend logiquement le retour de flamme (sans compter – mais c’est un autre débat – que la beauté de Rachel Zegler peine objectivement à rivaliser avec celle de Gal Gadot, pourtant enjeu majeur du scénario du film). Il y a fort à parier que si le public a boudé ce Blanche Neige revu et corrigé (dont le titre prend bien soin d’expurger les sept nains), ce n’est pas tant à cause de la couleur de peau de son héroïne que de l’indigence du projet lui-même, lequel achève de démontrer — encore plus que les laborieux Aladdin, Peter Pan et Wendy ou La Petite Sirène — à quel point l’industrialisation des remakes live-action des classiques de la maison de Mickey est une impasse artistique. L’audace du Walt Disney de 1937 nous semble aujourd’hui bien lointaine…

 

© Gilles Penso

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