NECROPOLIS : LEGION (2019)

Une romancière s’installe dans la maison qu’habitait une sorcière assoiffée de sang et se laisse peu à peu posséder par son esprit…

NECROPOLIS : LEGION

 

2019 – USA

 

Réalisé par Chris Alexander

 

Avec Augie Duke, Ali Chappell, Lynn Lowry, Joseph Lopez, Zoe Georgaras, Stephanie Delorme, Alexis Korotash, Goldie Rocket, Steve Kasan, Adam Buller

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND

S’il est auréolé d’une petite aura de film d’horreur culte, le Necropolis de Bruce Hickey n’a pourtant rien de foncièrement mémorable. Cette histoire de sorcière du 17ème siècle, réincarnée en motarde punk des années 80, est certes amusante, mais la facture extrêmement mal-fichue du film et son scénario erratique jouent sérieusement en sa défaveur. Seul élément marquant : ces passages délirants au cours desquels la super-vilaine incarnée par LeeAnne Baker exhibe trois paires de seins que viennent téter des petits démons assoiffés ! Difficile donc de comprendre ce qui a pu pousser le producteur Charles Band à en initier un remake. Necropolis : Legion s’inscrit en fait dans une démarche de « réinvention » de plusieurs films produits par Band dans les années 80/90, sous le label « Deadly Ten ». Et pour donner une seconde jeunesse au film de Bruce Hickey, c’est le réalisateur Chris Alexander qui est sollicité. Ancien journaliste pour Fangoria, Alexander possède un style bien à lui, beaucoup plus proche de l’épouvante poético-érotique européenne (Jess Franco, Jean Rollin, Harry Kümel, Andrzej Zulawski) que des séries B rigolardes auxquelles Band est habitué. En s’attaquant à cette nouvelle version de Necropolis, Alexander impose donc une patte très personnelle, même s’il collabore avec le scénariste Brockton McKinney, auteur régulier pour les productions Full Moon (Evil Bong 666, Evil Bong 777, Weedjies !).

Le prologue nous présente Eva (Ali Chappell), une sorcière vampire satanique dont les rituels nocturnes sont interrompus lorsque son époux (Joseph Lopez), le révérend du village, surgit, un crucifix et un missel à la main, et la tue d’un coup de poignard dans le cœur. Quelques siècles plus tard, l’écrivaine Lisa Tanzette (Augie Duke) décide d’emménager provisoirement dans la ferme où la sinistre Eva a vécu afin d’écrire un livre sur l’histoire de ce lieu supposé hanté. Alors qu’elle participe à une séance de dédicaces dans la librairie locale, signant son dernier ouvrage Beyond Darkness, une femme paniquée (Lynn Lowry) la met en garde : elle doit absolument quitter la ville si elle souhaite garder son âme intacte. Lisa n’en fait rien, bien sûr, et prend ses quartiers dans la région. Mais dès la première nuit, elle est troublée par des rêves perturbants. Le lendemain, elle se coupe le pied avec des éclats de verre et son sang commence à se répandre sur le plancher, irriguant la terre sous la cabane où elle s’est installée. Le mal s’apprête dès lors à se réveiller…

Ma sorcière bien nénés

Il y a fort à parier que les spectateurs familiers des productions Charles Band furent déstabilisés par ce faux remake très éloigné des canons habituels des productions Full Moon. Pas d’humour burlesque à l’horizon, pas de petits monstres… Même le Necropolis original semble bien loin. La relecture du film de Bruce Hickey n’est de toute évidence qu’un prétexte pour permettre à Chris Alexander de faire valoir sa propre sensibilité. Certes, le film nous offre une image insolite qui n’aurait pas dépareillé dans Evil Bong ou Piranha Women : des tétons en forme de mâchoires acérées qui permettent à la sorcière de se repaître du sang de ses victimes. Mais Alexander aborde cette bizarrerie anatomique sans second degré ni gaudriole. Même approche pour cette étonnante séquence de résurrection de la sorcière, née du sang mélangé avec la terre. La main qui surgit du sol et le cœur palpitant qui se reconstitue en accéléré offrent au film une belle touche surréaliste, tandis que les pleines lunes qui percent l’obscurité, le vieux cimetière décrépit et les messes noires sataniques surgissant dans de brefs flash-backs assument l’influence du cinéma gothique européen des années 70. Malgré ses moyens très limités, Necropolis : Legion développe ainsi une ambiance envoûtante, presque hypnotique, que vient renforcer une très belle musique co-composée par Richard Band et par Alexander lui-même.

 

© Gilles Penso

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