JU-ON : THE GRUDGE (2002)

Même s’il fut précédé par deux longs-métrages à petit budget, ce film est le premier qui popularisa à l’échelle internationale l’univers de The Grudge

JU-ON

 

2002 – JAPON

 

Réalisé par Takashi Shimizu

 

Avec Megumi Okina, Misaki Itô, Misa Uehara, Yui Ichikawa, Kanji Tsuda, Kayoko Shibata, Yukako Kukuri, Shuri Matsuda, Yôji Tanaka, Yoshiyuki Morishita

 

THEMA FANTÔMES I SAGA THE GRUDGE

Si Ju-On : The Curse et Ju-On : The Curse 2 avaient connu un bel impact au Japon, ils restaient encore relativement confidentiels dans le reste du monde. Mais avec ce troisième volet, Takashi Shimizu bénéficie d’une sortie en salles internationale qui lui permet de faire découvrir l’univers de The Grudge au plus grand nombre. Avec à sa disposition un budget plus important, le réalisateur peut troquer l’image vidéo en 4/3 contre un tournage en 35 mm au format 1.85. Même s’il s’agit d’une suite des opus précédents, Ju-On : The Grudge peut s’apprécier à la manière d’un film autonome, et c’est d’ailleurs sous cette forme qu’il fut principalement découvert. Mais ceux qui sont familiers avec les deux premiers films y trouveront des indices le positionnant à la fois comme une séquelle (l’épilogue de The Curse 2 trouve ici un écho direct) et un remake, avec le même motif de l’enseignant s’inquiétant de l’absence prolongé de son élève et lui rendant visite à domicile. Fidèle à la narration fragmentée de The Curse et The Curse 2, Ju-On : The Grudge se divise en six segments centrés chacun sur un protagoniste distinct. Ce qui les lie, c’est bien sûr l’intervention des fantômes influant tragiquement sur leur destin.

Le premier personnage du film est Rika (Megumi Okina), qui travaille en tant que volontaire dans un centre d’aide sociale. Malgré son manque d’expérience, elle est chargée de retrouver la trace d’une personne qui ne donne pas signe de vie. En se rendant dans la maison dont on lui a communiqué l’adresse, elle découvre des débris éparpillés partout et Madame Sachie (Chikako Isomura), une vieille dame dans un très mauvais état. Alors qu’elle nettoie les lieux, Rika perçoit des bruits de grattements et un miaulement derrière un placard condamné. À l’intérieur, elle trouve un chat noir… et un enfant. Dès lors, le scénario se subdivise en plusieurs récits interconnectés pour nous faire découvrir d’autres facettes de la malédiction, à travers le regard des personnages qui en sont frappés. Ce ne sont donc pas à proprement parler des flash-backs ou des flash-forwards (même si nous effectuons des allers-retours dans le temps) mais plutôt les pièces d’un puzzle s’assemblant peu à peu pour couvrir toute l’étendue du drame. Car la malédiction se propage comme les tentacules d’une pieuvre ou comme un virus, frappant un à un tous ceux qui entrent en contact avec le lieu funeste.

Les tentacules de la malédiction

La peur passe d’abord par le non-dit : des bruits de pas qui courent, des empreintes de main sur un mur, un reflet furtif dans un miroir, des cheveux noirs qui flottent, ces miaulements récurrents et cette fameuse voix grinçante devenue l’une des signatures sonores de la franchise. La plupart des horreurs se déroulent d’ailleurs hors-champ. Tandis que les hurlements se perdent dans les ténèbres et que les yeux s’écarquillent en gros plan, Takashi Shimizu évite de céder à la tentation des jump-scares faciles. Dans Ju-On : The Grudge, ce sont surtout les jeux de caméra (notamment ces fameux travellings circulaires autour des visages en gros plan) et le travail minutieux de la bande son qui contribuent à créer un climat anxiogène, même lorsqu’il ne se passe apparemment rien. En multipliant davantage les lieux que dans les deux premiers Ju-On, ce troisième volet renforce l’idée selon laquelle ce n’est pas la maison qui est hantée, mais ceux qui l’on côtoyée et qui se retrouvent dès lors poursuivis par les spectres vengeurs. Ce concept peut donc se décliner à loisirs, d’où la longévité de la franchise The Grudge, qui prendra une dimension encore plus importante deux ans plus tard avec le remake américain que Shimizu dirigera sous l’égide de Sam Raimi.

 

© Gilles Penso

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