

Le gouvernement américain découvre qu’un missile nucléaire venu du Pacifique se dirige droit vers la ville de Chicago… Comment réagir ?
A HOUSE OF DYNAMITE
2025 – USA
Réalisé par Kathryn Bigelow
Avec Idris Elba, Rebecca Ferguson, Gabriel Basso, Jared Harris, Tracy Letts, Anthiny Ramos, Moses Ingram, Jonah Hauer-King, Greta Lee, Jason Clarke
THEMA POLITIQUE FICTION
Au début des années 1960, alors que les tensions entre l’Est et l’Ouest atteignent leur paroxysme et que la crise des missiles de Cuba laisse craindre l’éclatement imminent d’une troisième guerre mondiale, le cinéma de politique-fiction reflète les angoisses de la population américaine en montrant les effroyables conséquences d’une escalade de l’armement nucléaire. Le Dernier rivage, Point limite, Sept jours en mai ou Docteur Folamour en sont les représentants les plus emblématiques. Lorsque la guerre froide se ravive dans les années 80, les écrans nous mettent à nouveau en garde face à l’apocalypse : Le Dernier testament, Le Jour d’après, War Games ou le téléfilm La Troisième guerre mondiale relancent ainsi les hostilités. Depuis, ces jours sombres semblent s’être éloignés, mais l’Histoire a hélas une fâcheuse tendance à la répétition. À moins que les hommes n’apprennent décidément rien de leurs erreurs ? Toujours est-il que la situation géopolitique se révèle une fois de plus extrêmement tendue au mitan des années 2020. Kathryn Bigelow, grande spécialiste du cinéma d’action et de guerre (Point Break, Aux frontières de l’aube, Blue Steel, Strange Days, Démineurs, Zero Dark Thirty) décide donc à son tour de tirer la sonnette d’alarme en s’appuyant sur un scénario de Noah Oppenheim (Le Labyrinthe, Divergente 3).


Tout commence un beau matin, à Washington. La routine bien établie des employés du gouvernement se met en place : agents de sécurité, soldats, fonctionnaires, gradés, chefs des opérations, attachés de presse, secrétaires… Mais soudain, le train-train quotidien se fige. Un radar basé dans le Pacifique détecte le lancement d’un missile balistique intercontinental non identifié. Rapidement, le projectile nucléaire entre en orbite basse et se dirige droit vers les États-Unis, plus précisément au cœur de la ville de Chicago qu’il menace de rayer de la carte. Qui a lancé ce missile ? S’agit-il d’une erreur ou d’une déclaration de guerre ? Comment l’intercepter ? Et comment riposter ? Pour décrire cette situation extrêmement tendue, le scénario décide d’adopter une multiplicité de points de vue héritée de Rashomon. Les mêmes événements sont donc racontés sous trois angles différents, mettant tour en tour en scène la responsable de la salle de crise de la Maison Blanche (Rebecca Ferguson), le général en charge du commandement stratégique (Tracy Letts) et le président américain (Idris Elba). Alors que l’explosion est imminente, le titre du film finit par prendre tout son sens…
Deep Impact
Le sentiment d’urgence nous est communiqué avec maestria par Bigelow qui opte pour une caméra portée en mouvement permanent, intégrant dans son montage des gros plans sur les visages et les regards crispés, souvent plus « parlants » que les dialogues eux-mêmes, ainsi que des détails apparemment anodins mais qui disent toute l’importance des enjeux humains. Il nous semble retrouver là, sous un jour modernisé et beaucoup plus réaliste, les montées d’adrénalines que nous procurait jadis une série comme 24 heures chrono. Ce scénario catastrophe est d’autant plus prenant qu’un travail minutieux de documentation semble avoir été effectué en amont pour décrire avec un maximum d’authenticité les protocoles, les voies hiérarchiques et surtout les fêlures d’un système qui semblait pourtant infaillible. La suite de cette chronique ne révèle rien de précis mais donne des indications sur les choix scénaristiques. Ceux qui souhaitent conserver une surprise totale sont donc invités à interrompre ici leur lecture. Le fait de refuser de conclure le film de manière explicite et de laisser un doute sur l’issue finale est forcément frustrant pour le spectateur. Kathryn Bigelow le sait et l’assume. Son intention n’est évidemment pas de provoquer l’effet d’un château de cartes qui s’effondre (poussant le public à s’exclamer « tout ça pour ça ? ») mais plutôt d’inviter à une interrogation personnelle. Car le président des États-Unis nous apparaît ici comme un homme dépassé par la situation, non par son incompétence mais parce que mille idées contraires se bousculent dans son esprit soudain sur-sollicité. Et finalement, une seule question subsiste face à un tel dilemme : qu’aurions-nous fait à sa place ? La réponse reste à la discrétion de chacun. D’où cette fin ouverte laissant l’inquiétude perdurer longtemps après le générique de fin.
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article



