LES MAÎTRES DU MONDE (1994)

Dans cette adaptation d’un classique de Robert Heinlein, des entités extra-terrestres se greffent aux humains pour les contrôler…

THE PUPPET MASTERS

 

1994 – USA

 

Réalisé par Stuart Orme

 

Avec Donald Sutherland, Eric Thal, Julie Warner, Keith David, Will Patton, Richard Belzer, Tom Mason, Yaphet Kotto

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Adapté d’un classique du romancier Robert A. Heinlein, « Marionnettes Humaines », Les Maîtres du Monde est mis en chantier à l’initiative du producteur Michael Engelberg, grand amateur de science-fiction qui parvient à convaincre Hollywood Pictures de se lancer dans l’aventure. Le film s’ouvre sur la présentation de Sam Nivens (Eric Thal), un jeune agent du gouvernement qui se rend à Ambrose, petite bourgade perdue au fond de l’Iowa, sans savoir de quelle nature sera sa mission. Il ne sait pas non plus pourquoi son père, Andrew Nivens (Donald Sutherland), le puissant directeur de l’Office Of Scientific Intelligence, s’est déplacé avec Mary Sefton (Julie Warner), une brillante scientifique de la NASA experte en intelligence extra-terrestre. Ce qu’ils découvrent dépasse de loin le simple phénomène d’ovni dont il avait d’abord été fait mention. Car des créatures extra-terrestres sont en train d’envahir progressivement la région. Sans détruire les humains, elles s’accrochent à eux telles des sangsues et prennent le contrôle de leur cerveau, les réduisant à l’état de marionnettes.

Le refrain est connu. Ce postulat nous renvoie en effet directement à L’Invasion des profanateurs de sépultures, surtout dans cette scène où les « contaminés » distribuent les œufs extra-terrestres chez leurs congénères. Ces fameux œufs, lorsqu’ils s’ouvrent, rappellent Alien et, en s’accrochant au dos de leurs victimes, évoquent Hidden et même Terreur extraterrestre. Toutes ces réminiscences ne gâchent pourtant pas les qualités formelles du film, c’est-à-dire son interprétation fort convaincante et une mise en scène solide signée Stuart Orme (signataire de plusieurs clips musicaux, d’un grand nombre de programmes pour la télévision britannique et du long-métrage The Wolves of Willoughby Chase). Eric Thal et Julie Warner, en agents du FBI confrontés aux extra-terrestres, évoquent beaucoup les Mulder et Scully de la série X-Files, avec lesquels ils présentent de nombreuses similitudes (la série de Chris Carter était alors au sommet de sa gloire sur les petits écrans du monde entier). Quant à Donald Sutherland, qui était justement le héros de L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman, il crève l’écran, comme toujours.

Une drogue venue de l’espace

Les envahisseurs gluants et tenaces, œuvre de l’as des maquillages spéciaux Greg Cannom (Dracula, The Mask), provoquent une répulsion extrêmement efficace en s’inspirant partiellement de la morphologie des raies manta. Par ailleurs, de belles idées visuelles agrémentent le film comme ce frisbee aux allures de soucoupe volante ou cette porte qui s’ouvre sur une surface plane dans le repère du « Maître des Marionnettes ». La dernière partie du film, mouvementée en diable, rebondit au rythme de moult cascades en voiture et en hélicoptère dirigées avec beaucoup d’efficacité par un Stuart Orme à l’enthousiasme communicatif. Signe des temps, si le processus de contamination décrit dans le film s’inscrit dans une paranoïa proche de celle du roman d’Heinlein, la menace communiste évoquée dans le texte initial (publié en 1951, au cœur de la guerre froide) n’a plus cours au milieu des années 70. La métaphore s’est donc naturellement déplacée du côté du virus du sida, dans la mesure où les relations sexuelles sont un facteur très favorable à la propagation des entités extra-terrestres, mais aussi d’une drogue qui rend ses victimes dépendantes en altérant leur personnalité.

 

© Gilles Penso


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