SUNSHINE (2007)

Une expédition de la dernière chance part dans l'espace pour raviver le soleil qui menace de s'éteindre

SUNSHINE

2007 – GB

Réalisé par Danny Boyle

Avec Cillian Murphy, Chris Evans, Rose Byrne, Michelle Yeoh, Hiroyuki Sanada, Cliff Curtis, Troy Garity, Benedict Wong

THEMA SPACE OPERA

Après s’être frotté au film d’horreur avec 28 jours plus tard, Danny Boyle emprunte les voies du space opera. Nous sommes dans le futur, et le soleil est en train de s’éteindre, menaçant l’éradication de toute forme de vie sur Terre (un postulat déjà présent dans des romans de SF tels que « Le Ciel est Mort » de John Campbell ou « La Cité des Astres » d’Arthur C. Clarke). En l’an 2050, l’expédition Icarus s’est élancée en direction de l’astre solaire dans le but d’y faire exploser un engin nucléaire et de le réactiver. Mais cette mission a échoué et l’équipage a cessé de donner le moindre signe de vie avant d’atteindre sa cible. Sept ans plus tard, le vaisseau Icarus 2 va tenter de reprendre la mission là où elle fut interrompue. A son bord, huit membres d’équipage s’activent patiemment aux diverses tâches quotidiennes qui leur sont allouées. Le réalisme de ces protagonistes et la banalisation de leur besogne nous évoquent beaucoup Alien, d’autant que le casting, impeccable, évacue toute superstar et ne comporte que quelques visages familiers (principalement Cillian Murphy, héros de 28 jours plus tard, Chris Evans, torche humaine des Quatre Fantastiques, et Michelle Yeoh, fine lame de Tigre et dragon).

En cours de trajet, l’équipage capte le signal de détresse du premier vaisseau Icarus. Faut-il le rejoindre ? Tous s’accordent à dire que leurs prédécesseurs n’ont sans doute pas survécu depuis si longtemps, et que rien ne doit perturber leur objectif premier. Mais Icarus 1 possède la même bombe nucléaire qu’Icarus 2. La récupérer donnerait deux fois plus de chances à la mission de réussir. La majorité accepte donc d’accoster le vaisseau à la dérive. Mais c’est à partir de là que l’expédition va virer au cauchemar…

La fascination quasi-surnaturelle qu'exerce le soleil

Danny Boyle n’a rien perdu de son inventivité et a su se réapproprier le genre pour le moderniser. Sa mise en scène est directe et efficace, sa musique évacue l’orchestre symphonique habituel au profit d’une partition électro-pop étonnante, ses trucages numériques sont de très haut niveau et ses effets de style rivalisent d’ingéniosité : les images subliminales qui créent un malaise indicible, les filtres déformants qui altèrent la vision, les brefs arrêts sur image qui font perdre la notion du temps ou encore le design sonore ultra méticuleux jouant sur les bruits de brûlures. Mais il faut bien avouer que derrière ces apparats formels, Sunshine ne parvient guère à éviter les clichés inhérents à ce type de récit (2010, Armageddon, Fusion-the Core, Mission to Mars…). Même si Boyle s’efforce de surprendre son spectateur, la trame demeure désespérément linéaire et les incidents de parcours exhalent tous un parfum de déjà vu : avaries mécaniques, sorties dans l’espace qui tournent mal, vaisseau partiellement endommagé, déviation de trajectoire, dilemmes difficiles et sacrifices nécessaires… Sans compter que les héros passent le plus clair de leur temps à appuyer sur des boutons, traverser des coursives et regarder des moniteurs de contrôle. Quant au climax, terriblement confus, il nous laisse quelque peu sur notre faim. C’est d’autant plus dommage que le scénario d’Alex Garland laissait la porte ouverte au mysticisme et à la métaphysique, à travers la fascination quasi-surnaturelle qu’exerce le soleil sur la majorité des protagonistes.

© Gilles Penso 

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