THE CHILDREN (2009)

Deux familles se réunissent dans une maison de campagne pour fêter Noël, mais les enfants commencent à adopter un comportement étrange…

THE CHILDREN

2008 – USA

Réalisé par Tom Shankland

Avec Eva Birthistle, Stephen Campbell-Moore, Rachel Shelley, Jeremy Sheffield, Hannah Tointon, Eva Sayer, Jake Hathaway

THEMA ENFANTS

The Children est né sous la plume du scénariste Paul Andrew Williams, plus connu pour avoir réalisé la comédie horrifique Bienvenue au Cottage. Le postulat en est très simple. Pour fêter dignement Noël, deux familles se réunissent dans une confortable maison de campagne nappée d’un joli manteau de neige. Le cadre idyllique est quelque peu perturbé par la turbulence des enfants et les petites tensions entre adultes, mais rien de très anormal n’est à signaler… Jusqu’à ce que les charmants bambins, sous l’influence d’un virus étrange, ne se mettent à attaquer leurs aînés avec une minutie, une ingéniosité et une cruauté diaboliques. Ce point de départ est certes intrigant, mais The Children part avec un sérieux handicap, dans la mesure où le thème de l’enfant monstre a déjà largement été traité à l’écran depuis les années 50, au fil d’une filmographie jalonnée en outre de purs chefs d’œuvres (Les Innocents, Le Village des damnés, La Malédiction, pour n’en citer qu’une poignée). Comment, dans ce cas, surprendre encore le public et rivaliser avec de si prestigieux prédécesseurs ?

Il faut bien reconnaître que The Children n’évite pas les sentiers battus et évoque plusieurs fleurons du genre (y compris les très surestimés Démons du maïs), exhalant immanquablement un effet de déjà-vu. Pourtant, Tom Shankland, réalisateur jusqu’alors du thriller horrifique Waz se démarquant manifestement de la saga Saw, s’en tire ici avec les honneurs, signant une direction artistique impeccable et dirigeant ses comédiens avec beaucoup de finesse. Le réalisme des relations humaines – entre adultes, entre enfants et intergénérationnel – permet à l’horreur de s’appuyer sur un contexte crédible et familier. D’autant que le scénario transcende quelque peu ce thème classique par le biais d’un personnage passionnant : Casey (Hannah Tointon), une adolescente qui se situe à la croisée de l’enfance et du monde adulte.

À partir de quand sort-on de l'enfance ?

Protagoniste central du drame, elle découvre avant tout le monde le basculement de la situation vers le cauchemar, sans pouvoir convaincre des parents ne la prenant guère au sérieux tout en s’attirant les foudres des têtes blondes muées en créatures assoiffées de sang. Sa position au sein de l’intrigue est cruciale, car elle représente le pôle principal d’identification pour les spectateurs tout en incarnant une menace potentielle. Porte-t-elle encore suffisamment d’enfance en elle pour que le fléau la touche à son tour ? La photographie de Nanu Segal magnifie les étendues neigeuses, métaphores intelligentes de l’innocence apparente des bambins camouflant en réalité des ténèbres grandissantes. Shankland a également le bon goût d’éviter la surenchère gore très à la mode en ces périodes post-Saw et Hostel, sans pour autant se départir de la violence inhérente à son propos. Les meurtres restent donc brutaux et surprenants, fruits de stratagèmes habiles et proprement démoniaques. Quant aux enfants, ils occupent l’écran avec une présence hypnotisante et savent effrayer d’un seul regard. Bref, The Children est une indéniable réussite, même si l’ombre envahissante des classiques de Jack Clayton, Wolf Rilla, Richard Donner et consorts risque fort d’atténuer son impact.

 

© Gilles Penso

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