JACK BROOKS, TUEUR DE MONSTRES (2007)

Cet hommage décomplexé aux films de monstres des années 80 refuse tout net les effets numériques au profit des bonnes vieilles techniques à l'ancienne

JACK BROOKS : MONSTER SLAYER

2007 – CANADA

Réalisé par Jon Knotz

Avec Trevor Matthews, Daniel Kash, David Fox, Dean Hawes, Rachel Skarsten, James A. Woods, Ashley Bryant

THEMA DIABLE ET DEMONS

Comme son titre le laisse imaginer, Jack Brooks, tueur de monstres est un film excessif et décomplexé qui nous ramène aux glorieuses années 80, en un temps révolu où les images de synthèse n’avaient pas droit de cité à l’écran et où l’horreur et le burlesque faisaient bon ménage. Après avoir conçu un certain nombre de courts-métrages très remarqués au sein de leur compagnie Brookstreet Pictures, le réalisateur Jon Knotz et l’acteur/producteur Trevor Matthews eurent l’idée de ce film abracadabrant. Le Jack Brooks du titre (incarné par Matthews) est un homme en proie à d’incontrôlables accès de colère et de violence. Traumatisé depuis le massacre de sa famille par une bête aux allures de lycanthrope alors qu’il était encore enfant, Jack est devenu plombier, consulte régulièrement un psychiatre (Daniel Kash) sans grands résultats et suit des cours du soir auprès d’un jovial professeur de chimie (Robert Englund).

Un soir, en effectuant un dépannage dans la maison de ce dernier en question, il éveille sans le savoir un démon ancestral enterré dans une vieille caisse. A l’intérieur gît un squelette poussiéreux et un cœur encore vivant qui possède soudain l’enseignant. Au cours d’une scène hilarante, l’homme se mue soudain en monstre boursouflé face à des étudiants médusés, triplant de volume tout en faisant jaillir de son corps difforme des tentacules interminables qui capturent ses proies humaines pour les dévorer vives ou les muer en démons à son service. Face à ce déchaînement de forces maléfiques, Jack Brooks prend les armes et se met en tête de pourfendre l’immonde créature…

Robert Englund en monstre glouton

Malgré l’outrance des séquences qu’il met en scène, Jon Knotz ne traite jamais son long-métrage sous l’angle de la parodie, pas plus qu’il ne s’attache à cligner de l’œil vers son public pour citer ses sources cinéphiliques. C’est donc avec un premier degré improbable que Jack Brooks nous est conté. L’humour découle naturellement des séquences hallucinantes qui ponctuent le film, des monstres aberrants qui s’y agitent et du jeu savoureux de Robert Englund (décidément très à l’aise dans le registre de la comédie). Le rejet opiniâtre des effets numériques induit des effets spéciaux rafraîchissants, presque anachroniques, à base d’animatronique, de maquillages spéciaux, de trucages mécaniques et de prothèses animées, sous la supervision d’Allan Cook (Resident Evil Apocalypse, Land of the Dead, Outlander). A mi-chemin entre Jack Burton, Histoires de fantômes chinois et la saga Freddy, ces effets résolument « eighties » manquent souvent de finesse (le cyclope de la forêt fleure bon le latex !) mais confèrent au film un charme irrésistible. Chaque apparition du monstre glouton qu’est devenu Robert Englund (une marionnette grandeur nature manipulée par une demi-douzaine d’animateurs) est une véritable source de ravissement pour les amateurs que nous sommes. Conçue comme le premier épisode d’une série de longs-métrages riches en créatures excentriques, cette fantaisie au budget modeste (deux millions et demie de dollars canadiens) connaîtra en 2010 une séquelle conçue par la même équipe de joyeux drilles.

© Gilles Penso

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