JASON X (2001)

Après les morts et résurrections incessantes de Jason au cours des neuf films précédents, il ne restait plus qu'une solution pour varier les plaisirs : l'envoyer dans l'espace

JASON X

2001 – USA

Réalisé par James Isaac

Avec Kane Hodder, Lexa Doig, Chuck Campbell, Lisa Ryder, Peter Mensah, Melyssa Ade, Derwin Jordan, David Cronenberg

THEMA TUEURS I SPACE OPERA I SAGA VENDREDI 13

Après la tournure joyeusement parodique qu’avait pris Jason va en enfer, il était impensable de poursuivre la franchise Vendredi 13 sur la voie du classicisme. Le scénariste Todd Farmer s’est donc lancé dans un concept pour le moins audacieux, qu’on pourrait résumer en quelques mots : Jason dans l’espace ! La mise en scène de ce dixième opus a été confiée à James Isaac, réalisateur d’un House 3 passé un peu inaperçu et ancien créateur d’effets spéciaux. L’intrigue démarre dans un futur proche. L’ancien camp de vacances de Crystal Lake est désormais un centre de recherche scientifique. Jason Voorhees a enfin été capturé par les autorités (ce qui contredit sérieusement le dénouement apocalyptique du film précédent), et le docteur Wimmer (interprété par David Cronenberg en personne) tient à le maintenir en vie pour étudier son incroyable métabolisme, contre l’avis de l’officier Rowan (la mignonnette Lexa Doig).

C’était à prévoir, le tueur au masque de hockey s’énerve un bon coup et tue tout le monde sans faire de quartier. Rowan parvient tout de même à l’enfermer dans un caisson de cryogénisation, mais Jason provoque une fuite d’un coup de machette et tous deux se retrouvent congelés… Le récit se transporte alors vaillamment quelque 400 ans plus tard. La Terre n’est plus qu’une planète morte semée de ruines, parmi lesquelles un groupe d’astronautes découvre les corps de Jason et Rowan. Les scientifiques du futur les transportent dans leur vaisseau spatial et ont la mauvaise idée de les ranimer grâce à leur technologie médicale avancée. Et c’est reparti pour un jeu de massacre sacrifiant à toutes les conventions du genre. Car malgré son parti pris science-fictionnel et son changement radical de décor, ce dixième Vendredi 13 ne parvient guère à s’écarter du lieu commun. Les campeurs de Crystal Lake sont devenus des étudiants en médecine, les bois nocturnes des coursives de vaisseau spatial, mais la mécanique reste strictement identique, et l’ennui s’installe donc lentement mais sûrement. Sans compter que Jason X sacrifie au passage à un autre lieu commun hérité cette fois-ci d’Alien et ses séquelles : la femme forte et pugnace affrontant envers et contre tous le monstre devenu son ennemi juré.

Une espèce de Robocop psychopathe

Il faut attendre le dernier quart d’heure pour que surviennent deux folles idées qui relancent tardivement l’intérêt : Jason, réduit en bouillie par une belle androïde, est « réparé » par les machines du vaisseau spatial et se mue en une espèce de Robocop psychopathe plus redoutable que jamais ; et pour échapper à sa folie destructrice, les survivants l’emprisonnent dans une réalité virtuelle où il se retrouve dans le Crystal Lake des années 80, face à deux jeunes campeuses hystériques qui le titillent en se dénudant. Hélas, même ces trouvailles tombent à plat, à cause de la mise en scène sans idée de Jim Isaac, le jeu moyennement convaincu de l’ensemble du casting, la pauvreté des décors futuristes et l’indigence de la partition synthétique d’Harry Manfredini. Bref, le futur et l’espace n’auront pas réussi à arracher ce pauvre Jason à son inlassable routine, et le dénouement, comme il se doit, s’ouvre vers de nouvelles séquelles potentielles.

 

© Gilles Penso

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