LADYHAWKE (1985)

Un conte envoûtant porté par la grâce de ses deux têtes d'affiche et mené de main de maître par Richard Donner

LADYHAWKE

1985 – USA

Réalisé par Richard Donner

Avec Rutger Hauer, Michelle Pfeiffer, Matthew Broderick, Alfred Molina, John Wood, Leo McKern, Ken Hutchison

THEMA CONTES I SORCELLERIE ET MAGIE I MAMMIFERES

Avant de devenir le grand spécialiste du cinéma d’action des années 80 et 90, grâce à L’Arme fatale et ses séquelles, Richard Donner avait prouvé un bel éclectisme dans le domaine du cinéma fantastique, nous offrant tour à tour un excellent exercice d’épouvante diabolique (La Malédiction), le meilleur film de super-héros de son époque (Superman) et ce magnifique conte médiéval. Contrairement à ce que clamait la campagne publicitaire de l’époque, l’extraordinaire scénario de Ladyhawke n’est pas inspiré d’une vraie légende du moyen âge mais sort tout droit de l’imagination du scénariste Edward Khmara. Dans un rôle prévu à l’origine pour Dustin Hoffmann, Matthew Broderick (porté aux nues par le succès de War Games) incarne Philippe Gaston, alias « la souris », un jeune voleur condamné à la pendaison qui parvient à s’évader de sa prison par les égouts. Alors que les hommes du redoutable Marquet (Ken Hutchison) sont sur le point de le rattraper, il est sauvé par un énigmatique chevalier en noir qui répond au nom d’Etienne Navarre. Après que Sean Connery et Kurt Russell aient été tour à tour envisagés, c’est l’impérial Rutger Hauer, inoubliable dans La Chair et le sang et  Blade Runner, qui prête son charisme à ce personnage taciturne, accompagné d’un faucon apprivoisé. 

Lorsque vient la nuit, Philippe Gaston constate que Navarre et l’oiseau ont disparu pour laisser place à un loup paisible et à une belle demoiselle du nom d’Isabeau d’Anjou (Michelle Pfeiffer, que le grand public avait pu découvrir dans Scarface). « Etes-vous chair ou êtes-vous esprit ? » s’enquiert Philippe auprès de la jeune femme, qui lui rétorque : « je suis chagrin ». Au matin, celle-ci semble s’être évaporée, ainsi que le loup, et Navarre est de retour en compagnie de son faucon. Décontenancé, Philippe apprend l’explication de ce prodige par un vieil ermite, le père Imperius (Leo McKern). Jadis capitaine de la garde d’Aquila, Navarre était amoureux de la belle Isabeau, ce qui déclencha la jalousie du sinistre évêque d’Aquila (John Wood). Furieux, ce dernier leur lança un terrible sort, condamnant Navarre à se transformer en loup la nuit et Isabeau en faucon le jour. Les deux amants ne peuvent donc plus se côtoyer sous leur forme humaine. Touché par leur destin, Philippe décide de s’associer à Imperius pour les aider à briser la malédiction…

« Je suis chagrin… »

La magie de ce scénario inventif, la grâce des comédiens et le savoir-faire indéniable de Richard Donner ont tôt fait de muer Ladyhawke en véritable chef d’œuvre du genre. Signalons tout de même une ombre à ce tableau idyllique : la bande originale d’Alan Parsons. Curieux mélange d’orchestre symphonique et de pop rock, à mi-chemin entre John Miles et le Rondo Veneziano, cette musique anachronique brise hélas l’atemporalité du film en l’inscrivant pesamment dans les années 80. Cette réserve mise à part, le film de Donner est une réussite totale. Epique, drôle, émouvant, paré de beaux décors extérieurs captés en Italie et éclairés par Vittorio Storraro, Ladyhawke n’eut pourtant pas l’accueil triomphal qu’il méritait lors de sa sortie sur les écrans. Ce n’est qu’avec la patine du temps qu’il accéda enfin au statut de classique du genre.

 

© Gilles Penso

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