L’INVASION DES MORTS-VIVANTS (1966)

Deux ans avant La Nuit des morts-vivants, la Hammer plaçait déjà les zombies sous le feu des projecteurs

PLAGUE OF THE ZOMBIES

1966 – GB

Réalisé par John Gilling

Avec Andre Morell, Diane Clare, John Carson, Brook Williams, Jacqueline Pearce, Alexander Davion, Michael Ripper

THEMA ZOMBIES

Les zombies étaient les rares monstres du répertoire classique à ne pas avoir été relookés par les studios Hammer au milieu des années 60. Cette lacune fut magistralement corrigée grâce à L’Invasion des Morts-Vivants, puisant certaines de ses idées scénaristiques dans Les Morts-Vivants de Victor Halperin, et assurant la transition entre les vieux films de zombie (époque Lugosi, Karloff et Carradine) et ceux de la nouvelle génération (La Nuit des Morts-Vivants allait crever l’écran à peine deux ans plus tard). Comme souvent chez la Hammer, l’intrigue se situe dans un village des Cornouailles, où les morts mystérieuses s’accumulent, au grand dam des habitants superstitieux. Mis au courant par Peter Tompson (Brook Williams), son ancien élève en médecine devenu depuis le docteur du village, Sir James Forbes (André Morell) se rend sur place en compagnie de sa fille Sylvia (Diane Clare), et entreprend de mener l’enquête. Lorsqu’Alice (Jacqueline Pearce), l’épouse de Peter, succombe à son tour, les investigations de Forbes le mènent jusqu’à Clive Hamilton (John Carson), un mystérieux châtelain qui semble se livrer à d’étranges activités. Si L’Invasion des Morts-Vivants présente tant de points communs avec La Femme Reptile, c’est qu’il a été tourné par le même réalisateur, dans les mêmes décors, et quasi-simultanément.

Autre lien entre les deux films : Jacqueline Pearce, interprète de la fameuse femme-serpent, qui se retrouve ici dans la peau d’une morte-vivante décapitée d’un coup de pelle. Une séquence choc qui annonce l’un des moments forts d’Evil Dead, avec seize ans d’avance. Visiblement, John Gilling est bien plus inspiré ici que sur La Femme Reptile, soignant sa mise en scène, peaufinant son montage, et dirigeant avec minutie son casting, dominé par le fort charismatique André Morell (le docteur Watson du Chien des Baskerville et le héros de la série télévisée Quatermass). Le script rattache naturellement ici le thème du zombie aux cérémonies vaudou, lesquelles sont dirigées par le sinistre Clive Hamilton dans le but de créer une armée d’ouvriers travaillant inlassablement dans une mine qu’il a achetée.

Vision de cauchemar

Les monstres eux-mêmes, blafards, les veines apparentes, les yeux blancs, le cheveu hirsute, sont probablement l’une des plus grandes réussites du maquilleur Roy Ashton, plus efficace et pointilleux qu’à l’accoutumée. Chacune de leurs apparitions est un grand moment d’épouvante, notamment une mémorable séquence onirique au cours de laquelle des dizaines de zombies émergent de leur tombe et encerclent lentement le pauvre docteur Tompson, une vision de cauchemar qui trouvera un écho horrifique quelques années plus tard dans les œuvres les plus mémorables de Lucio Fulci. Quant à la partition de James Bernard, elle accentue avec bonheur chaque scène de suspense, et se teinte de rythmes tribaux au moment des cérémonies vaudou qui scandent le récit. Comme toujours en pareil contexte, le film s’achève par un grand brasier purificateur, climax devenu obligatoire pour se défaire en même temps de tous les malfrats et de tous les monstres du récit.

 

© Gilles Penso

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