MONSIEUR JOE (1949)

L'équipe de King Kong met en scène un nouveau gorille géant dans cette aventure monumentale riche en rebondissements

MIGHTY JOE YOUNG

1949 – USA

Réalisé par Ernest B. Schoedsack

Avec Terry Moore, Ben Johnson, Robert Armstrong, Frank McHugh, Douglas Fowley, Dennis Green, Paul Guilfoyle

THEMA SINGES

L’équipe de King Kong se lança 16 ans plus tard dans les aventures d’un nouveau gorille géant, Monsieur Joe. Inspiré du roman « Toto et Moi », le film raconte les aventures de Jill Young, une fillette qui vit en Afrique avec son père et a pour compagnon de jeu un bébé gorille nommé Joe. Plusieurs années plus tard, Max O’Hara (Robert Armstrong, reprenant quasiment le rôle de Carl Denham), un impresario américain, vient en Afrique pour capturer des fauves. Mais en découvrant la beauté de Jill et le gigantisme de Joe, devenu entre-temps un émule de King Kong, O’Hara se laisse largement séduire. Il convainc la jeune fille de venir à New York pour se produire avec son gorille dans un cabaret. Mais Joe ne supporte guère d’être devenu un animal de cirque. Un soir, alors que des ivrognes le saoulent dans sa cage, il se révolte, détruit la boîte de nuit et s’échappe dans la ville, où il sème la panique…

Vouloir réitérer l’exploit de King Kong était un pari difficile, d’autant que tout le monde a gardé en mémoire le chef d’œuvre de 1933. C’était à prévoir, le public n’a pas porté aux nues ce Monsieur Joe, sans doute à cause d’un scénario un peu déséquilibré, dénué d’une romance digne de ce nom et cédant aux facilités du mélodrame à rebondissements. Cela dit, même sans faire abstraction de l’œuvre maîtresse réalisée par Schoedsack et Cooper, cette histoire gentillette exhale plein de charmes et d’attraits. Formellement, le film est une petite merveille, grâce aux talents combinés du maître des effets spéciaux Willis O’Brien et de son brillant disciple Ray Harryhausen, lesquels vont parfois jusqu’à surpasser l’animation de Kong en dotant Joe d’une personnalité et d’une crédibilité tout à fait remarquables. « J’ai pratiquement fait l’animation seul, ce qui m’a pris environ six mois », nous raconte Harryhausen. « Nous avions envoyé un cameraman au zoo de chicago pour y filmer un vrai gorille, afin que ça puisse nous servir de référence pour l’animation. Mais le singe se contentait de se promener dans sa cage en se curant le nez ! Ça n’était donc pas très utilisable… » (1)

L'Oscar des meilleurs effets spéciaux

Le film regorge de morceaux de bravoure comme l’affrontement de Joe et des cavaliers (annonçant l’une des scènes clefs de La Vallée de Gwangi), le spectacle dans le cabaret où le gorille soulève Jill en train de jouer du piano, les dix lutteurs (dont Primo Carnera dans son propre rôle) se mesurant au grand singe, le combat contre les lions (tour à tour réels ou animés) ou encore l’incendie final dans l’orphelinat. Du coup, malgré son semi-échec, Monsieur Joe permit à O’Brien de remporter en 1949 l’Oscar des meilleurs effets spéciaux. Quarante ans plus tard, les studios Disney rachetèrent les droits du film et confièrent à Ron Underwood (réalisateur de Tremors) la mise en scène d’un remake titré en français Mon Ami Joe. Signe des temps, l’image de synthèse de Dream Quest et d’ILM et les costumes animatroniques de Rick Baker ont remplacé l’animation image par image. Ray Harryhausen se prêta au jeu en venant rendre visite à l’équipe des effets visuels et en figurant même dans une scène de réception aux côtés de Terry Moore, l’interprète originale de Jill Young.  

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004

 

© Gilles Penso

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