LA VALLEE DE GWANGI (1969)

Un groupe de cowboys travaillant dans un cirque ambulant découvre une vallée perdue peuplée de dinosaures

THE VALLEY OF GWANGI

1968 – USA

Réalisé par James O’Connolly

Avec James Franciscus, Richard Carlson, Gila Golan, Laurence Naismith, Freda Jackson, Gustavo Rojo, Dennis Kilbane

THEMA DINOSAURES

Sensibilisé par le succès de Un Million d’années avant JC, le producteur Charles Schneer décida de reformer son duo avec Ray Harryhausen, après leur brève séparation, et tous deux se penchèrent sur “Gwangi”, un projet avorté que Willis O’Brien préparait pour la RKO. Le scénario démarre dans une région écartée du Grand Canyon du Colorado, où l’on découvre un cheval haut seulement de 60 cm. Un groupe de cow-boys, héros d’un cirque ambulant, essaye de capturer la créature pour la montrer au public. Ils pourchassent le cheval jusque dans une vallée cachée où ils tombent sur de nombreux reptiles préhistoriques. Ils rencontrent un ptéranodon qui s’empare de l’un d’eux, et attirent l’attention de Gwangi, un immense allosaure qu’ils essaient de prendre au lasso. Ils en sont empêchés par l’arrivée d’un styracosaure. Gwangi bat le reptile cuirassé, puis est pris dans un glissement de terrain au moment où il essayait de s’attaquer aux cavaliers. Ceux-ci enchaînent l’animal sur un chariot et le ramènent dans l’enceinte du cirque. Mais, au cours du spectacle, le dinosaure s’échappe…

Bien qu’il calque fidèlement son intrigue sur celle de King KongLa Vallée de Gwangi tire son originalité du contexte du western – inhabituel pour un film fantastique – mais aussi d’un postulat de départ intriguant qui permet aux spectateurs d’entrer immédiatement dans le vif du sujet, aidé par des interprètes convaincants. Les deux acteurs principaux sont le vétéran James Franciscus et la débutante Gila Golan, qu’il fallut post-synchroniser à cause de son accent israélien savoureux mais plutôt déplacé en plein Far West. Pour permettre à Harryhausen d’insérer dans les prises de vues ses effets visuels, le réalisateur James O’Connolly se vit contraint de sacrifier les longues focales et les lumières contrastées qu’il chérissait tant, au profit de cadrages plus neutres. Cette situation n’entraîna pas de conflit particulier au sein de l’équipe, mais O’Connolly fit partie de ces metteurs en scène quelque peu frustrés par cette omniprésence créatrice leur ôtant à plusieurs reprises le dernier mot artistique.

Un allosaure qui semble échappé de King Kong

Les effets spéciaux font sans doute partie des plus réussis qu’ait jamais réalisés Ray Harryhausen, et les dinosaures de ce film appartiennent au groupe très restreint des plus convaincants jamais vus à l’écran. Ainsi, Gwangi, le redoutable allosaure qui donne son nom au titre du film, bénéficie d’une finition et d’une souplesse d’animation remarquables. Du double point de vue morphologique et comportemental, il est très proche de celui qu’affrontait King Kong en 1933 (il se gratte même frénétiquement l’oreille de la même façon !). Hélas, le réalisme de Gwangi est parfois entravé par la teinte de sa peau qui, d’un plan à l’autre, oscille entre le gris et le vert en passant par le bleu et le marron (à cause d’effets optiques difficiles à harmoniser en laboratoire). Le film est truffé de plans ahurissants, comme lorsque les cow boys tentent d’attraper Gwangi au lasso, ou lorsque l’un des cavaliers enfonce une lance dans le flanc du styracosaure. Sans compter ce dénouement plein d’emphase situé dans une immense cathédrale en flammes. Gros échec au box-office au moment de sa sortie, La Vallée de Gwangi a depuis été réévalué par les amateurs du genre qui se délectent de son charme suranné et de ses nombreuses séquences surréalistes. C’est devenu depuis l’une des influences majeures – parfaitement assumées – de la saga Jurassic Park.

 

© Gilles Penso