MORTUARY (2005)

Tobe Hooper nous raconte une étrange histoire de contamination qui semble trouver ses racines chez H.P. Lovecraft

MORTUARY

2005 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec Dan Byrd, Stephanie Patton, Denise Crosby, Alexandra Adi, Rocky Marquette, Courtney Peldon, Bug Hall, Tarah Peige

THEMA VEGETAUX I ZOMBIES I FREAKS

Auteurs du remake de Toolbox Murders, Jace Anderson et Adam Gierasch retrouvent Tobe Hooper pour une histoire à mi-chemin entre l’univers de H.P. Lovecraft, les films de zombies et L’Invasion des profanateurs de sépultures. Jamie et Jonathan Doyle (Stephanie Patton et Dan Byrd) emménagent dans la petite ville de Santa Llorana, et prennent possession d’une maison sinistre avec leur mère Leslie (Denise Crosby), qui vient d’accepter un travail d’entrepreneur de pompes funèbres. En nettoyant ses instruments, Leslie se coupe la main et quelques gouttes de sang coulent au sol en défiant les lois de la physique, se déployant comme une plante grimpante à la croissance accélérée. Ce n’est que le prélude d’une série d’événements insolites. Tandis que Jonathan voit des silhouettes courir furtivement dans le cimetière, Leslie découvre dans une ancienne crypte une épitaphe empruntée à « L’appel de Cthulhu » de Lovecraft : « Ce qui est trépassé ne reposera pas à tout jamais. En cette étrange éternité, même la mort peut s’arrêter. » Bientôt, deux adolescents portés disparus refont surface, agissant comme des morts-vivants et crachant des flots de sang. Puis ce sont les cadavres eux-mêmes qui se raniment, contaminés par une moisissure envahissante. Tous ces événements auraient-ils un rapport avec la légende de Ben Fowler, descendant difforme d’une famille de croque-morts censé vivre dans le cimetière ?

Dès les premières minutes du film, la partition de Joseph Conlan, lancinante et synthétique, évoque l’atmosphère des films de John Carpenter. Mortuary nous renvoie d’ailleurs directement au cinéma d’épouvante des années 80, souvent maladroit et peu subtil mais non exempt de charme. Et si le personnage de Ben Fowler, qui cache sa laideur dans une antre emplie de restes humains, semble cligner de l’œil vers Leatherface, Mortuary retrouve surtout le schéma de L’Invasion vient de Mars : les adultes qui représentent l’autorité sont contaminés, et les héros adolescents ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

La bête dans le puits

Plusieurs seconds rôles pittoresques égaient le métrage, en particulier l’élu hilare et détestable (Greg Travis) qui félicite Leslie d’avoir choisi un endroit aussi stratégique pour installer sa petite entreprise (proche de l’autoroute la plus dangereuse de l’état et d’une maison de retraite !), le shérif bègue et incompétent (Michael Shamus Wiles) et la patronne du café, ex-hippie, qui affirme avec aplomb : « j’ai complètement perdu la mémoire entre les présidents Kennedy et Reagan, à cause du LSD et de la CIA ». Pour autant, Mortuary n’est pas une parodie, contrairement à ce que laissait penser la promotion française s’encombrant d’une accroche grassement référentielle : « Massacre l’été dernier au sous-sol dans la dernière maison du cimetière à gauche de la colline. » A vrai dire, le film de Hooper ne sait pas trop sur quel pied danser, alternant les ambiances sinistres, les clins d’œils humoristique, les effets gore et des images de synthèse bas de gamme visualisant le monstre dans le puits à l’origine de tout (une plante carnivore qui évoque le Sarlaac du Retour du Jedi). Mortuary eut donc du mal à trouver son public et passa quelque peu inaperçu.

© Gilles Penso

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