REC 3 GENESIS (2012)

Ni séquelle ni prequel, ce troisième opus de la saga [Rec] se situe simultanément au premier épisode et laisse beaucoup de place à l'humour noir

[REC] 3 GENESIS

2012 – ESPAGNE

Réalisé par Paco Plaza

Avec Leticia Dolera, Diego Martin, Ismael Martinez, Alex Monner, Claire Baschet, Jana Soler, Emilio Mencheta, Adolf Bataller 

THEMA ZOMBIES I DIABLE ET DEMONS I SAGA [REC]

Il ne faut pas se fier au sous-titre de ce troisième [Rec]. Plutôt qu’une préquelle, il s’agit  d’une variante dont l’intrigue pourrait se situer simultanément à celles narrées dans les deux premiers [Rec]. Car l’origine de la contamination muant les citoyens catalans en zombies reste un mystère. A peine évoque-t-on en début de métrage la morsure d’un chien dans un laboratoire. Réalisant seul ce troisième opus, Paco Plaza en profite pour démonter les codes qu’il a lui-même mis en place avec son compère Jaume Balaguero, n’hésitant jamais face à l’auto-parodie assumée. Les premières images, qui imitent l’interface d’un DVD de mariage puis pastichent un diaporama romantique sous-tendu par une chanson d’amour sirupeuse, donnent le ton : [Rec]3 n’est pas vraiment à prendre au sérieux.

Lorsque les caméras vidéos se mettent en marche, c’est pour nous faire découvrir le parvis de l’église où se préparent les noces de Clara (Leticia Dolera) et Koldo (Diego Martin). A l’aide du double point de vue subjectif d’un camescope amateur et d’une caméra HD de reportage, nous faisons connaissance avec les futurs époux, leurs parents, leurs cousins et amis, dans une ambiance de liesse familière et réjouissante. Lorsque les premiers morts-vivants surviennent enfin au bout d’un bon quart d’heure et propagent la contamination, le cinéaste opte pour un parti inattendu et plutôt culotté : il jette les caméras vidéos au sens propre (un bon coup de pied dans le caméscope amateur et la destruction de la caméra HD professionnelle) et s’affranchit de la mécanique en caméra subjective des deux films précédents pour adopter une mise en scène plus traditionnelle.

L'adieu au « found footage »

L’humour omniprésent de [Rec]3 oscille entre le clin d’œil référentiel (à L’Armée des ténèbres, Braindead, Re-Animator), la culture de l’absurde (le personnage improbable de « John l’éponge » sollicite régulièrement nos zygomatiques) et le gore caricatural. Plaza iconise volontiers ses héros, muant le jeune marié en chevalier médiéval (il emprunte une armure dans une église et une épée près de la pièce montée) et sa promise en superbe scream queen (sa robe de mariée déchirée et tachée de sang et son bras armé d’une tronçonneuse sont irrésistibles !). Les intentions sont donc extrêmement louables, mais la mise en forme du film manque cruellement de rigueur. La photographie de Pablo Rosso s’avère désespérément plate (un comble pour un film qui veut célébrer le retour du format cinéma au détriment de la vidéo HD), les maquillages spéciaux donnent dans l’approximation, le montage aurait mérité un sérieux affinage et la partition de Mikel Salas ne brille guère par sa richesse harmonique ou orchestrale. Ces défauts n’altèrent pas foncièrement le plaisir que procure [Rec]3, mais en amenuisent les effets, d’autant que l’épilogue, à force de jouer la douche écossaise entre l’horreur, la dérision et la tragédie, finit par désensibiliser le spectateur qui prend de la distance et ne s’émeut plus guère pour les personnages. Imparfait mais résolument attachant, ce troisième opus servira de tremplin au quatrième (et dernier ?) épisode de la saga, que Jaume Balaguero réalisera seul sous le titre [Rec] Apocalypse.

 

© Gilles Penso

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