SAW 3D : CHAPITRE FINAL (2010)

La 3D apporte du relief aux pièges mortels de ce septième opus de la saga Saw, mais son scénario reste hélas d'une grande platitude

SAW 3D

2010 – USA

Réalisé par Kevin Greutert

Avec Sean Patrick Flanery, Costas Mandylor, Chad Donella, Betsy Russell, Gina Holden, Tobin Bell, Cary Elwes, Laurence Anthony

THEMA TUEURS I SAGA SAW

Une franchise aussi juteuse que Saw ne pouvait pas décemment passer à côté du phénomène 3D. Ainsi, comme jadis Meurtres en trois dimensions ou Jaws 3D, le septième opus de la saga se pare-t-il de la prise de vue en relief. Cette décision n’est pas sans conséquences sur le budget du film, qui grimpe à 17 millions de dollars (aucun des épisodes précédents ne dépassait les 11 millions), ni sur sa durée de tournage qui s’étale sur neuf semaines, au lieu des six habituelles. Bien plus stratégique qu’artistique, ce choix se traduit à l’écran par une gadgétisation à outrance du procédé le temps d’une poignée de séquences – objets contondants qui se dirigent vers la caméra, piège vertigineux où les protagonistes risquent de tomber dans le vide, débris qui voltigent au moment des explosions, etc. Le reste du temps, la 3D est quasi-inexistante, puisque la mise en scène de Kevin Geutert (déjà signataire de Saw 6, l’épisode préféré des charcutiers) s’avère d’une platitude absolue.

Les prémisses de Saw 3D laissent pourtant espérer une secourable tentative de renouvellement, sous l’impulsion des scénaristes Marcus Dunstan et Patrick Melton (habitués de longue date de la franchise). Dès l’ouverture, la surprise est de taille, puisque pour une fois le piège dans lequel sont saisies trois infortunées victimes troque le traditionnel huis-clos rouillé et industriel contre une vitrine de magasin en plein centre-ville. Ainsi le massacre est-il visible par une foule de quidams qui, au lieu de chercher à porter secours à leur prochain, ont plutôt tendance à filmer la scène avec leur téléphone portable ! L’idée est savoureuse, et la série semble du même coup prendre une dimension différente, comme si Jigsaw souhaitait désormais muer ses machinations en véritables shows adressés au grand public. Rien n’interdit d’ailleurs de voir chez ces passants mi-horrifiés mi-fascinés un miroir dans lequel se reflèteraient les spectateurs du film.

Mise en abîme

Cette démarche, qui n’est pas sans rappeler les mises en abîmes pratiquées par Wes Craven sur la franchise Scream, se poursuit à travers le personnage de Bobby Dagen (Sean Patrick Flanery), survivant d’un des pièges machiavéliques de Jigsaw qui s’est mué en véritable gourou. Auteur à succès, habitué des plateaux télévisés, il organise des réunions de rescapés et développe la fameuse « philosophie » selon laquelle on ne peut ressortir que grandi d’une telle expérience traumatisante. Le beau discours vole en éclats lorsque l’une des participantes lance avec lassitude : « Vous savez ce que m’a rapporté mon bras coupé ? Une place pour handicapés sur le parking du supermarché ! » Un juste retour des choses, qui augure de nouvelles perspectives pour cet ultime chapitre. Mais la suite du métrage oublie cette audace pour retomber dans les lieux communs et les passages « obligatoires » : le parcours du combattant destiné à racheter les actes d’un pécheur non repenti, les morts en cascade (visualisées par des effets spéciaux tellement excessifs qu’ils évoquent les grandes heures du Grand Guignol), les flash-back à tiroir, et une revélation de dernière minute laissant imaginer que le sous-titre « chapitre final » n’est qu’un leurre. Bref, la routine habituelle. 

© Gilles Penso

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