MEURTRES EN TROIS DIMENSIONS (1982)

Le troisième épisode de la franchise Vendredi 13 sacrifie à la mode du moment en donnant du relief aux meurtres de Jason

FRIDAY THE 13TH PART 3

1982 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Dana Kimmell, David Katims, Paul Kratka, Richard Brooker, Nick Savage, Rachel Howard, Larry Zerner, Tracie Savage

THEMA TUEURS I SAGA VENDREDI 13

Steve Miner reprend du service pour cette seconde séquelle de Vendredi 13. Fidèles à la mécanique établie un an plus tôt, les cinq premières minutes de Meurtres en trois dimensions reprennent la fin du Tueur du vendredi. Puis soudain, sans préavis, une musique disco outrancière retentit avec emphase, tandis que le titre en relief envahit tout l’écran. Car comme son titre français l’indique clairement, le troisième Vendredi 13 se paie le luxe de la troisième dimension, s’inscrivant dans un éphémère phénomène de mode qui donnera naissance à Amityville 3D et Jaws 3D. La scène d’intro se situe dans une espèce d’épicerie crasseuse tenue par un couple caricatural, bientôt trucidé à coup de hachoir et de lance. Puis survient l’indécrottable groupe de jeunes écervelés, au sein duquel sévit le « comique » de service, une espèce de sosie de Michel Boujenah qui multiplie les blagues potaches et simule des morts sanglantes tout au long du film. C’est pourtant lui qui offrira son fameux masque de hockey à Jason, le tueur puisant cet accessoire dans la panoplie du pathétique farceur. Ainsi, au départ simple gimmick, le masque entre définitivement dans la légende.

Trois loubards improbables alimentent vaguement une intrigue secondaire avant de se faire démastiquer dans une grange, tandis que l’apparition du magazine Fangoria, lu par une future victime, permet un hommage au maquilleur Tom Savini. Plus que jamais, Steve Miner se laisse influencer par la mise en scène de John Carpenter, notamment lors de ses cardages nocturnes en cinémascope, où l’emploi de la courte focale lui permet de faire entrer brusquement dans le champ la silhouette sombre de Jason, impact musical à l’appui. Mais le film se distingue surtout par ses effets en relief gratuits et souvent ridicules : un homme pointe un bâton vers la caméra, un serpent jaillit hors de sa cage, un rat avance sur une planche, une batte de base ball envahit tout l’écran, sans parler du yoyo, des balles de jonglage ou des pop corns qui sautent ! L’effet du harpon qui fonce vers nous est déjà plus intéressant, d’autant qu’il se solde par un effet gore assez gratiné. Mais le meilleur meurtre – et le meilleur effet de relief – est sans conteste celui de l’homme à la tête compressée par les mains de Jason, dont l’œil sort de son orbite et jaillit vers le spectateur !

Un climax qui relève le niveau

S’il calque sa structure sur celui du Tueur du vendredi, le climax de Meurtres en trois dimensions relève tout de même le niveau, concentrant en quelques minutes toute l’action et le suspense qui font défaut au reste du métrage. Jason y est bien plus dynamique que dans ses prestations zombiesques ultérieures, et la jeune fille qui l’affronte redouble d’inventivité pour lui échapper. Le visage difforme du tueur apparaît d’ailleurs plus distinctement que dans le film précédent, évoquant les anthropophages congénitaux de La Colline a des yeux. Ce maquillage saisissant est l’œuvre de Douglas J. White, Allan Apone et Frank Carrisosa. Nouveau succès (37 millions de recette pour une mise de départ de 4 millions), Meurtres en trois dimensions déclencha aussitôt une nouvelle séquelle, abusivement titrée Vendredi 13 chapitre final.

© Gilles Penso

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