SAW IV (2007)

Un policier doit se lancer dans un sanglant parcours du combattant s'il veut sauver deux collègues promis à une mort atroce

SAW IV

2007 – USA

Réalisé par Darren Lynn Bousman

Avec Tobin Bell, Lyriq Bent, Costas Mandylor, Scott Patterson, Angus MacFayden, Justin Louis, Sarrain Boylan, Shwanee Smith

THEMA TUEURS I SAGA SAW

Chaque fois que James Wan s’écarte de la saga Saw, le résultat en pâtit. Qu’on se souvienne du décevant Saw 2, co-écrit par Leigh Whannell et Darren Lynn Bousman, pour s’en convaincre. Or ici, même Whannell, pourtant jusqu’alors indissociable de la série, cède la place à deux nouveaux venus : Patrick Melton et Marcus Dunstan. Du coup, Saw 4 accumule toutes les faiblesses des deux précédents opus et semble définitivement fixer les limites du concept initial. Le problème principal réside dans la complexité extrême avec laquelle les scénaristes se sentent obligés de raconter leur histoire, accumulant jusqu’à la parodie involontaire les flash-backs, flash-forwards, actions parallèles et désynchronisations temporelles. Comme s’il n’était pas non plus confiant dans le matériau narratif brut, Darren Lynn Bousman nous assène des effets de mise en scène outranciers, saturés de déflagrations sonores, de flash lumineux, d’accélérations et de décélérations des mouvements de caméras…

Tous ces apparts font surtout figure de cache-misère, car le récit lui-même ne présente que peu d’intérêt et ne recule devant aucune incohérence. Attention, les informations qui suivent sont réservées à ceux qui ont déjà vu les trois premiers Saw. Jigsaw (« Le Tueur au Puzzle » dans la VF) ayant passé l’arme à gauche à la fin du dernier épisode, Saw 4 démarre par une scène d’autopsie pour le moins éprouvante. En extirpant son estomac, les légistes découvrent une cassette renfermant un ultime message post-mortem : « la partie continue ». Dès lors, au cours d’un imbroglio scénaristique bien difficile à démêler, l’officier de police Rigg (Lyriq Bent) se retrouve obligé d’emprunter un sanglant parcours du combattant pour sauver la vie de deux de ses collègues promis à une mort atroce comme il se doit : l’un périra pendu dès que le morceau de glace sur lequel il se tient aura fondu (les scénaristes ont sans doute révisé leurs classiques, puisqu’une scène similaire apparaît dans Ilsa la louve des SS), l’autre sera électrocuté sur sa chaise montée sur une balançoire en équilibre instable.

Les origines de Jigsaw

Le principal problème de cette intrigue est la faible motivation de Rigg, qui ne justifie absolument pas son acceptation des actes les plus horribles sous la dictée des sempiternelles cassettes audio de Jigsaw. Quant à la révélation finale, elle confine au grotesque le plus absolu, s’efforçant avec de gros sabots de réitérer le coup de théâtre du premier Saw. Le seul véritable apport de ce quatrième épisode est lié aux origines du Tueur au Puzzle. Une série de flash-backs nous permet en effet de découvrir le drame qui fit basculer le personnage dans la folie meurtrière, et il s’agit sans conteste de la partie la plus passionnante du film, hélas noyée dans une masse franchement trop indigeste. Quand on sait que Saw 4 entra en production avant même que Saw 3 ne sorte sur les écrans, il devient clair que nous avons plus affaire ici à un business rentable qu’à une véritable création artistique. Ces films coûtant peu et rapportant beaucoup, autant multiplier les séquelles jusqu’à plus soif. 

 

© Gilles Penso

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