SAW 3 (2006)

Le duo de scénaristes Leigh Whannel et James Wan se reconstitue pour un troisième épisode

SAW 3

2006 – USA

Réalisé par Darren Lynn Bousman

Avec Tobin Bell, J. LaRose, Angus MacFayden, Debra McCabe, Dina Meyer, Kim Roberts, Shawnee Smith, Bahar Soomekh

THEMA TUEURS I SAGA SAW

Saw bousculait tous les lieux communs du slasher pour désarçonner ses spectateurs, tant du point de vue de l’horreur graphique et psychologique que de celui de sa narration déconstruite. Saw 2 exploitait le filon sans beaucoup d’imagination, optant pour une lecture plus linéaire et substituant à la terreur sourde une action soutenue. Quant à Saw 3, il se positionne quelque part entre les deux tendances, un parti pris dicté par le maintien de Darren Lynn Bousman à la réalisation et la reconstitution du duo Leigh Whannel & James Wan au scénario. N’hésitant pas à reculer très – trop ? – loin les limites de ses séquences de torture (rarement l’intégrité du corps humain fut aussi peu respectée), Saw 3 semble vouloir se placer en tête d’une compétition douteuse initiée par ses deux prédécesseurs et leurs émules, notamment Hostel. Fort heureusement, ce troisième épisode ne se limite pas au déchirement des poitrines, à la torsion des membres et à l’arrachage des épidermes. Dans le cas contraire, il eut été non seulement insupportable mais aussi vide de sens et inconsistant.

Or le scénario choisit ici de nous faire adopter le point de vue du psychopathe, autrement dit un Jigsaw mourant (Tobin Bell), alité dans son repaire orné de pièges en construction, soigné par sa fidèle assistante Amanda (Shawnee Smith, personnification exacerbée du syndrome de Stockholm) et par une infortunée chirurgienne (Bahar Soumekh) contrainte de le maintenir en vie sous peine de voir sa tête réduite en cendres par une bombe à retardement nouée autour de son cou. Plusieurs intrigues parallèles se joignent à ce fil conducteur, notamment le parcours du combattant d’un pauvre hère (Angus McFayden) dont le fils a succombé sous les roues d’un chauffard, et qui doit choisir entre le pardon et la vengeance, chacune de ses décisions ayant de très sanglantes conséquences…

Un « slasher philosophique » ?

Succinctement évoquées dans le premier Saw, les motivations de notre « tueur au puzzle » sont ici étalées avec beaucoup d’insistance. Ses longs discours sur la perspective d’une mort atroce comme seule véritable possibilité d’apprécier la vie semblent principalement être conçus pour donner au film une once de respectabilité, justifiant du même coup ses débordements gore sous des allures de « slasher philosophique ». Cela dit, force est de constater que Saw 3 sait se montrer palpitant et développer des séquences réellement éprouvantes. Même Bousman semble avoir réfréné ses tics hérités du vidéoclip, optant pour une mise en scène moins voyante et plus appropriée au sujet. L’autre grand atout de Saw 3 est sa volonté de dépasser le simple cadre de la séquelle pour s’inscrire dans une trilogie cohérente, nous proposant du même coup de redécouvrir plusieurs séquences des deux opus précédents sous un nouvel angle, et avec des informations supplémentaires. Dommage que le scénario se laisse aller aux multiples rebondissements incongrus de dernière minute. Certes, il s’agit là de la marque de fabrique de la série, et ces coups de théâtre finaux ouvrent la porte vers de nouvelles suites possibles, mais leur manque de crédibilité et de finesse amenuisent considérablement leur impact.


© Gilles Penso

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