STAR TREK NEMESIS (2002)

Le dernier épisode de la Nouvelle Génération tente de combler sa simplicité scénaristique par une belle collection de séquences d'action

STAR TREK NEMESIS

2002 – USA

Réalisé par Stuart Baird

Avec Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Brent Spiner, Levar Burton, Michael Dorn, Marina Sirtis, Gates McFadden, Tom Hardy

THEMA SPACE OPERA I FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I SAGA STAR TREK

Quatre ans séparent Star Trek Insurrection de Star Trek Nemesis. Nicholas Meyer, réalisateur des excellents épisodes 2 et 6, fut un temps envisagé pour redorer le blason de la saga, mais le talentueux cinéaste se désista lorsqu’il apprit qu’on ne le laisserait pas retoucher le scénario. C’est donc Stuart Baird, ancien monteur des films de Richard Donner et réalisateur d’U.S. Marshall, qui prend le relais. Sa mise en scène s’avère régulièrement rythmée par d’ébouriffantes séquences d’action, mais le script est plutôt sommaire. L’équipage de l’Enterprise a pour mission de rétablir les liens diplomatiques entre la Fédération et le peuple de Romulus. Sur place, le commandant Picard découvre que cette planète a été assujettie par Shinzon, un humain jadis réduit en esclavage puis cloné à… son image ! Et comme tous les vilains, celui-ci envisage de détruire la Terre…

Le film démarre sur des chapeaux de roue, avec un prologue au cours duquel le sénat romulien (qui n’a rien à envier à celui de Rome) est anéanti par une arme chimique provoquant la décomposition avancée de tous ses membres. Ce massacre surprenant s’enchaîne avec une séquence de course-poursuite à la Mad Max, au beau milieu d’une planète rocailleuse, où le capitaine Picard, le klingon Worf et l’androïde Data, dans un bolide lunaire aux allures de Lem amélioré, récupèrent les pièces détachées d’un robot jumeau de Data puis sont pris en chasse par des barbares armés jusqu’aux dents. Le reste du métrage n’est hélas pas du même acabit.

« Que suis-je pendant que tu existes ? »

Certes, Stuart Baird s’efforce de collectionner d’autres séquences d’action nerveuses (notamment la fuite de Picard et Data dans les coursives du vaisseau romulien avec une navette « scorpion »), les effets de maquillage sont franchement réussis, la partition énergique modernise avec inventivité les thèmes de Jerry Goldsmith et Alexander Courage et le personnage de Shinzon nous offre de belles confrontations avec Picard (« Que suis-je pendant que tu existes ? », lui lance-t-il en proie à une angoisse existentielle. « Rien qu’une ombre ? Un écho?»). Malgré tout, Star Trek Nemesis ne parvient jamais à impliquer le spectateur ni à atteindre le souffle épique et la dimension politique inhérents au concept créé par Gene Roddenberry. Le film s’achève sur un sacrifice qui n’est pas sans évoquer celui de Monsieur Spock à la fin de Star Trek 2, mais la séquence ne parvient pas pour autant à susciter l’émotion qui serait de mise en pareil contexte. Excellent technicien, Stuart Baird ne possède visiblement pas la sensibilité d’un metteur en scène et d’un narrateur dignes de ce nom, et le résultat à l’écran en pâtit. Moins raté qu’on a bien voulu le dire (il suffit de se souvenir de l’effroyable Star Trek 5 pour relativiser l’échec artistique de celui-ci), Star Trek Nemesis fut pourtant le film le moins rentable de la saga et ne connut pas les honneurs d’une sortie en salles en nos contrées. Après le banal Star Trek Insurrection, on aurait donc pu le considérer comme un chant du cygne définitif de la franchise Star Trek… Jusqu’à ce que J.J. Abrams ne reprenne les choses en main sept ans plus tard.

© Gilles Penso

Partagez cet article