SUPER 8 (2011)

J.J. Abrams rend hommage aux productions Amblin des années 80 à travers ce film de monstre produit justement par Steven Spielberg

SUPER 8

2011 – USA

Réalisé par J.J. Abrams

Avec Kyle Chandler, Elle Fanning, Amanda Michalka, Ron Eldard, Noah Emmerich, Joel Courtney, Riley Griffiths, Ryan Lee

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Dès son titre, Super 8 annonce la couleur : nous allons voyager dans le temps. Effectivement, lorsque le logo d’Amblin emplit l’écran Cinémascope, soutenu par une partition emphatique et aérienne, nous voilà revenus au début des années 80, à l’époque où Steven Spielberg réalisait et produisait des contes pour adolescents emplis de monstres et de merveilles. La référence à l’époque glorieuse de Gremlins Retour vers le futur ou Le Secret de la pyramide est pleinement assumée par J.J. Abrams, qui a grandi devant ces films bien avant de devenir l’instigateur des séries Alias et Lost, puis d’offrir un nouveau souffle aux sagas Mission Impossible et Star Trek. Officiellement parrainé par le réalisateur d’E.T., il lui déclare ici son amour cinéphilique sans jamais tomber dans le travers de l’imitation servile ou du clin d’œil appuyé. Car Super 8 possède sa propre personnalité et puise de toute évidence une grande partie de son inspiration dans les souvenirs d’enfance du cinéaste.

Nous sommes en 1979, à la fin de l’année scolaire, dans une bourgade tranquille de l’Ohio. Un petit groupe de teenagers, qui tourne un film d’horreur en super 8 sous l’influence du Zombie de George Romero, est témoin d’une catastrophe ferroviaire extrêmement spectaculaire. Suite à cet accident, les gens de la ville commencent à disparaître et les phénomènes étranges se multiplient. Tandis que l’armée commence à investir les lieux et que la police semble impuissante, nos jeunes héros semblent les seuls à pouvoir découvrir la vérité… Si la plupart des figures imposées du genre semblent au rendez-vous, J.J. Abrams slalome habilement entre tous les clichés semés sur sa route, refusant l’archétype et la caricature (chers au très surestimé Les Goonies) au profit d’une construction dramatique solide et de protagonistes extrêmement touchants. Les séquences d’action ébouriffantes (le crash du train est un morceau d’anthologie qui fera probablement date) ne prennent donc jamais le pas sur les personnages, véhicules d’humour, de tendresse et d’émotion. 

En état de grâce

Super 8 s’affirme du coup comme un véritable exercice d’équilibrisme, à mi-chemin entre la nostalgie sincère (ceux qui ont connu les joies et les frustrations des courts-métrages en 8 mm verront leurs souvenirs ravivés), la quête permanente d’originalité (le scénario ne cesse de nous mener par le bout du nez jusqu’à un climax de toute beauté) et l’hommage assumé au cinéma de Steven Spielberg, dont l’ombre omniprésente semble planer sur l’ensemble du métrage. Tour à tour, Rencontres du troisième type, E.T.Les Dents de la merJurassic Park et même La Guerre des mondes y trouvent des correspondances visuelles et thématiques, tandis que la somptueuse bande originale écrite par Michael Giacchino paie son tribut aux symphonies de John Williams. Pour autant, Abrams conserve le style qui lui est propre, tant dans l’écriture de ses dialogues que dans ses partis pris visuels (les fameux « lens flare » de Star Trek sont toujours de la partie). Voilà donc une œuvre en état de grâce, dont l’alchimie presque miraculeuse tient autant à ses auteurs qu’à sa magnifique brochette de jeunes comédiens rivalisant de justesse et de spontanéité.

 

© Gilles Penso

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