RETOUR VERS LE FUTUR (1985)

Une relecture surprenante du thème du voyage dans le temps qui a consacré Michael J. Fox comme superstar

BACK TO THE FUTURE

1985 – USA

Réalisé par Robert Zemeckis

Avec Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Lea Thompson, Crispin Glover, Thomas F. Wilson, Claudia Wells 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA RETOUR VERS LE FUTUR

Certains films sont naturellement en état de grâce. Par le biais d’une prodigieuse alchimie, les acteurs, les réalisateurs, les scénaristes, les compositeurs y sont au sommet de leur art. Retour vers le futur est de cette trempe. Jamais Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Crispin Glover ou Lea Thompson, tous excellents comédiens, ne trouveront un rôle aussi marquant que celui qu’ils tiennent ici. Robert Zemeckis, qui s’était jusqu’alors principalement distingué avec un sympathique mais peu révolutionnaire démarcage d’Indiana Jones, A la Poursuite du diamant vert, révèle d’un seul coup toute l’ampleur de son talent. Le compositeur Alan Silvestri nous régale d’une partition digne de John Williams, le co-scénariste Bob Gale démontre une minutie peu apparente dans le script de 1941 qu’il écrivit pour Spielberg. Bref Retour vers le futur déborde de talents et de savoir-faire.

L’un des secrets de son succès est d’avoir su exhumer un thème classique du cinéma de science-fiction, le voyage dans le temps, pour le moderniser, le truffer d’humour et en tirer toutes les possibilités narratives possibles et imaginables (une voie que suivront notamment L’Aventure intérieure et Chérie J’ai rétréci les gosses). Le héros est Marty Mc Fly (incarné par Michael J. Fox, après des essais infructueux réalisés avec Eric Stolz), un adolescent épris de rock’n roll et de la charmante Jennifer (Claudia Wells). Sa famille n’est guère reluisante : son père George (Crispin Glover) est un écrivain raté, sa mère Lorraine (Lea Thompson) est alcoolique et ses frères et sœurs insupportables. Son amitié avec un vieux savant farfelu et génial, Emmet Brown (Christopher Lloyd), l’amène à expérimenter une voiture reconvertie en machine à voyager dans le temps et à basculer trente ans en arrière. Là, il retrouve ses parents encore adolescents et s’apprête malgré lui à briser deux tabous : bouleverser le continuum espace temps et concrétiser le complexe d’Œdipe !

Le complexe d'Œdipe

Le mélange de comédie, de science-fiction, de héros teenagers et de rock’n roll n’est pas toujours heureux. Un film comme Howard une nouvelle race de héros de Willard Huyck démontre les limites de ce cocktail. Or Retour vers le futur ne « fait » pas jeune, il EST jeune, fougueux, rythmé au tempo des années 80 sans jamais chercher à forcer le trait. On peut certes reprocher au film de cultiver sans demi-mesure la politique des « battants » chère à l’Amérique de Ronald Reagan, qui transparaît également beaucoup dans S.O.S. Fantômes. Mais le plaisir que procure Retour vers le futur n’en est jamais gâché. Le comique est issu des situations impossibles dans lesquelles se fourrent les héros et d’un casting extrêmement intelligent. Il faut également – et surtout – saluer la richesse du scénario de Zemeckis et Gale, jonglant en virtuose avec les paradoxes temporels et s’amusant à disséminer tout au long du récit des détails apparemment anodins qui s’avèrent finalement jouer un rôle fondamental au fur et à mesure des péripéties sans cesse rebondissantes. Ce perfectionnisme se retrouve dans la mise en scène de Zemeckis, qui achève son film sur un climax d’anthologie clignant de l’œil vers l’une des cascades les plus fameuses d’Harold Lloyd.

 

© Gilles Penso

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