TARZAN L’HOMME SINGE (1932)

Cette adaptation libre des écrits d'Edgar Rice Burroughs a transformé Johnny Weismuller en superstar de la jungle

TARZAN THE APE MAN

1932 – USA

Réalisé par W.S. Van Dyke

Avec Johnny Weissmuller, Maureen O’Sullivan, C. Aubrey Smith, Neil Hamilton, Doris Lloyd, Ivory Williams, Forrester Harvey

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I SAGA TARZAN

Tarzan l’homme singe n’est certes pas la première transposition à l’écran des aventures du héros d’Edgar Rice Burroughs (il y eut notamment la version de Scott Sidney en 1918 et deux serials avec Frank Merrill en 1928 et 1930) mais c’est celle qui marqua le plus durablement les mémoires. A tel point que le film de W.S. Van Dyke demeure la référence absolue en la matière, un peu comme l’est le Frankenstein de James Whale vis à vis du roman de Mary Shelley. Dans une Afrique de carte postale, James Parker et son associé Harry Holt se mettent en quête d’un cimetière d’éléphants, autrement dit une inestimable réserve d’ivoire, tandis que débarque Jane, la fille de Parker, bien décidée à s’installer sur le continent. La première partie du film souffre de l’insertion très artificielle de stock-shots ethniques (provenant du Trader Horn réalisé par Van Dyke l’année précédente) au beau milieu de plans tournés en studio. Le pire en la matière est probablement atteint lorsque les comédiens interagissent avec les indigènes via des transparences désarmantes de maladresse. Ni la lumière, ni le décor ne raccordent. Même les proportions des personnages sont hasardeuses.

Mais ce travers disparaît lorsque notre expédition s’enfonce dans la jungle, car dès lors le fantastique prend largement pas sur le réalisme. Face aux montagnes escarpées qui se dressent, Parker s’exclame, lyrique : « Pour avoir bâti un telle muraille, notre mère la nature devait avoir un grand secret à cacher ». Au moment de l’escalade (dans un beau décor en matte painting), l’un des porteurs tombe dans le vide, et inaugure l’un des gimmicks les plus douteux de la série : le sacrifice des indigènes, visiblement quantité négligeable. D’ailleurs, après cette chute mortelle, la première réaction de Holt sera de se demander quel était le contenu de sa sacoche ! Alors que les périls s’accumulent, le désormais célèbre cri de Tarzan retentit, et notre bel homme singe enlève Jane. L’idylle qui s’amorce démarre de fort rude manière, à travers un dialogue passé depuis à la postérité : « toi Jane, moi Tarzan ». le scénario n’explique jamais l’origine de cet homme sauvage, l’intégrant comme un des éléments étranges de cette Afrique imaginaire.

Gorille contre éléphants

Des séquences d’anthologies ponctuent régulièrement le film, notamment la traversée d’un fleuve empli d’hippopotames et de crocodiles agressifs, l’attaque des pygmées, le combat contre le guépard, la chevauchée à dos d’éléphant (un spécimen d’Asie affublé de fausses oreilles !), la bataille contre un couple de lions, et surtout un climax hallucinant au cours duquel nos héros sont jetés en pâture à un gorille anthropophage dans une caverne jusqu’à ce qu’une charge d’éléphants ne les sauve en détruisant le village. Grandiose, impressionnant, le spectacle annonce de nombreux motifs visuels de King Kong et s’achève dans le mythique cimetière des éléphants. La prestation brute de Johnny Wessmuller, son physique d’athlète et ses acrobaties vertigineuses tranchent avec le charme mutin de Maureen O’Sullivan. Assurément, leur couple est une des plus belles trouvailles de la MGM, et Tarzan l’homme singe connaîtra plusieurs séquelles à succès.

© Gilles Penso

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