TOKYO ZOMBIE (2005)

Dans cette satire inspirée d'un manga de Yusaka Hanamuka, un excès de pollution provoque une invasion de morts-vivants dans la capitale japonaise

TÔKYÔ ZONBI

2005 – JAPON

Réalisé par Sakichi Sato

Avec Tadanobu Asano, Sho Aikawa, Erika Okuda, Arata Furuta, Hina Matsuoka, Satoshi Hashimoto, Masaki Miura

THEMA ZOMBIES

La parodie de films de zombies est un exercice d’autant plus délicat qu’Edgar Wright et Simon Pegg ont réalisé le chef d’œuvre du genre en 2003 avec Shaun of the Dead. Pour éviter de combattre dans la même catégorie, Sakichi Sato (qui fut notamment scénariste pour Takashi Miike) évite de se référer directement à l’œuvre de George Romero en adaptant le manga Tokyo Zombie de Yusaku Hanakuma. L’intrigue se situe à Tokyo, aux abords d’une usine d’extincteurs. Là, tous les habitants ont pris la mauvaise habitude de jeter leurs ordures, lesquelles s’accumulent jusqu’à atteindre les proportions d’une véritable montagne d’immondices, bientôt baptisée « Black Fuji ». Les vieux appareils électroménagers y côtoient les produits chimiques et même les cadavres gênants. Les ouvriers s’y débarrassent de leurs patrons tyranniques, les belles-filles y font enterrer (encore vivantes) leurs belles-mères envahissantes et les professeurs pédophiles y camouflent les corps de leurs jeunes victimes.

Au bout d’un moment, ce mélange peu catholique d’ordures diverses crée une réaction qui ranime les cadavres. Une horde de zombies surgit donc du Black Fuji et se met à attaquer les humains. Au milieu de la panique, deux collègues de travail excentriques, Mitsuo et Fujo, tentent de prendre la fuite. Le premier, chauve et autoritaire, est obsédé par l’art du ju-jitsu qu’il veut absolument enseigner au second, un abruti indécrottable affublé d’une improbable coupe afro. Persuadés que la Russie est la destination idéale pour deux lutteurs comme eux (« seuls les vrais hommes vont en Russie » déclare Mitsuo), nos deux pieds nickelés s’embarquent donc dans une camionnette et prennent la route, évitant les morts-vivants qui se massent un peu partout…

Pertes de rythmes et ruptures de ton

Pour que Tokyo Zombie déclenche les zygomatiques avec efficacité, il aurait fallu que l’univers comique créé par Sakichi Sato soit plus cohérent et mieux construit. Or ne sachant visiblement pas sur quel pied danser, le cinéaste hésite entre les gags bon enfant (à travers la relation très « buddy movie » des deux héros), les blagues franchement « limites » (le pédophile qui fesse avec délectation ses élèves, l’obsédé sexuel qui soulève la jupe d’une écolière zombie), le pastiche (la scène du supermarché qui évoque bien sûr Zombie) ou la satire sociale (dans toute la dernière partie du métrage). La mayonnaise ne prend pas vraiment, d’autant que le rythme manque de rigueur (une lacune difficilement pardonnable en matière de comédie) et que certaines scènes s’étirent inlassablement jusqu’à l’ennui. Au milieu du film, après un court dessin animé nous rappelant que le film s’inspire d’une œuvre graphique, la situation post-apocalyptique semble faire écho à Land of the Dead, car les nantis se sont réfugiés dans une pyramide ultra-moderne trônant au milieu d’une cité détruite, ont réduit les pauvres en esclavage et organisent des combats entre hommes et zombies pour se distraire. Mais une fois de plus, cette idée intéressante est gâchée par un cruel manque de péripéties et par des protagonistes laissant le spectateur parfaitement indifférent. Dommage, Tokyo Zombie était plein de belles promesses.

 

© Gilles Penso

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