UN CIMETIÈRE POUR LES MORTS-VIVANTS (1965)

L'un des nombreux films d'épouvante gothique que produisit l'Italie dans les années 60, illuminé par la présence de Barbara Steele

5 TOMBE PER UN MEDIUM

1965 – ITALIE

Réalisé par Massimo Pupillo

Avec Barbara Steele, Walter Brandi, Mirella Maravidi, Alfredo Rizzo, Riccardo Garrone, Luciano Pigozzi, Tilde Till

THEMA ZOMBIES

Réalisé simultanément avec Vierges pour le bourreau par le même réalisateur Massimo Pupillo (qui accepta que le producteur américain Ralph Zucker soit crédité à sa place au générique), Un Cimetière pour les Morts-Vivants s’inscrit dans la vogue des films d’épouvante gothique que l’Italie produisait à tour de bras dans les années 60. La recette commune de ces œuvres souvent anecdotiques consistait à mêler le mystère au surnaturel avec un soupçon d’horreur et d’érotisme, dans les limites alors autorisées par la censure. Un Cimetière pour les Morts-Vivants respecte scrupuleusement ce cahier des charges, mais se hisse au-dessus du panier notamment grâce à une mise en scène très soignée et à la présence envoutante de la belle Barbara Steele.

S’appuyant officiellement sur des écrits d’Edgar Poe, le scénario évoque surtout Bram Stoker lorsque le notaire Albert Kovac, qui officie dans une petite ville d’Europe de l’Est, reçoit une lettre étrange frappé d’un seau d’un autre âge. Son auteur, Jeronimus Hauff, désire rédiger son testament. Mais lorsqu’il arrive dans la demeure des Hauff, un manoir austère perdu dans une forêt sinistre, Kovac découvre que Jeronimus est mort depuis un an. Sa fille Corinne (Mirella Maravidi) et sa seconde épouse Cleo (Barbara Steele) l’accueillent sans comprendre l’origine du document. Le charme indéniable des deux femmes contraste avec la morbidité du décor, témoignage des recherches occultes menées par le défunt. La vaste demeure regorge ainsi de crânes humains, de mains momifiées et de bustes effrayants.

Entre Poe, Stoker et Lovecraft

L’ambiance du film se rapproche de celle des écrits de Lovecraft lorsque le notaire, qui passe la nuit dans la chambre de Jeronimus, écoute sur un gramophone le témoignage de ses expériences de nécromant. L’angoisse se renforce lorsque la voix ralentit en même temps que le rythme de la machine, la dotant d’un timbre d’outre-tombe, ou lorsque le grincement des charrettes d’antan s’invite dans la bande son. Lorsqu’elle ne donne pas dans les effets attendus (chaque réplique cruciale est soulignée par un coup de tonnerre, un zoom intempestif ou une déflagration musicale), la mise en scène sait ménager d’intéressantes surprises, collecter des images insolites comme ce cadavre de hibou niché dans le moteur d’une voiture, ou ménager quelques chocs à l’image du gros plan de ce visage horriblement défiguré par l’acide, ou cette autre figure ravagée par une peste purulente. La légende qui sous-tend le récit est elle-même riche en suggestion, puisqu’elle concerne une épidémie de peste propagée par des hommes chargés de nettoyer jadis les corps malades, et dont l’âme, privée de repos éternel, hante désormais les lieux. Ce sont eux, les terribles morts-vivants du titre. L’enquête policière et l’horreur se mêlent ici en un savoureux cocktail, que Barbara Steele et Mirella Maravidi teintent d’une pincée d’érotisme en se dévêtant chastement au fil du film. Annonciatrice de plusieurs motifs des films de zombie de Lucio Fulci et de certaines récurrences du giallo (notamment la comptine enfantine), l’œuvre est finalement bien moins mineure qu’elle n’y paraît de prime abord.

 

© Gilles Penso

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