ZARDOZ (1974)

Après Délivrance, John Boorman nous offre cette fable futuriste étrange restée célèbre grâce au slip rouge de Sean Connery !

ZARDOZ

1974 – GB

Réalisé par John Boorman

Avec Sean Connery, Charlotte Rampling, John Alderton, Sara Kestelman, Sally Anne Newton, Niall Buggy

THEMA FUTUR

Galvanisé par le succès de son magistral Délivrance, John Boorman envisagea dans la foulée d’adapter « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien. Le projet n’avançant guère, il se rabattit sur ce récit de science-fiction bizarroïde situé en l’an 2293, après un cataclysme planétaire. Dans ce monde futuriste revenu à une sauvagerie digne de La Planète des singes, les humains se livrent au meurtre et au viol, sous la domination du terrifiant dieu Zardoz. Celui-ci leur apparaît régulièrement sous la forme d’une gigantesque tête volante, déclamant « l’arme est le bien, le pénis est le mal » et crachant à ses adorateurs des centaines de fusils prêts à l’emploi. Zed, l’un des exterminateurs au service de Zardoz, passe ainsi ses journées à tuer et violer son prochain en toute impunité. Sous la défroque de cette brute épaisse, on retrouve Sean Connery qui, trois ans après Les Diamants sont éternels, casse son image d’espion en smoking au profit d’un look pour le moins improbable, à mi-chemin entre le péplum et le western. Le voilà ainsi affublé d’une queue de cheval, d’une grosse moustache, d’un slip rouge et de cartouchières en bandoulière.

Poussé par ses pairs, il décide de percer le mystère de la divinité autoritaire qui les maintient sous son joug et se cache dans la tête barbue de Zardoz. A l’issue d’un long voyage dans les airs, au sein d’un magnifique décor orné de cadavres humains encellophanés, notre barbare atterrit dans un champ et débarque au beau milieu d’un petit groupe d’élus qui vivent éternellement dans la paix, l’opulence… et l’ennui. Tous étaient jadis les riches, les puissants et les savants de notre société. Sentant le monde agoniser, ils se sont retranchés en communauté privilégiée, asservissant le reste de l’humanité en inventant le dieu Zardoz (contraction de « The Wizard of Oz », dans la mesure où ils s’inspirent du célèbre conte de fée pour faire régner la terreur à l’aide d’un masque effrayant).

Un reflet fantasmé de la lutte des classes

Tour à tour affublé des sympathiques surnoms de « brute », « animal » ou « monstre », Zed est admis au sein de cette peuplade nantie, malgré les vives protestations d’une Charlotte Rampling alors à l’apogée de sa glaciale beauté. Il fait office de serviteur, de cobaye, et sert à tromper l’ennui de ces immortels aux allures de dieux grecs efféminés et exagérément précieux trônant dans leurs costumes ridicules sur une sorte de Mont Olympe kitsch. Soucieux de renverser ce régime dictatorial, Zed s’est infiltré parmi eux pour fomenter une révolte intestine. Le sous-texte de Zardoz est donc une satire sociale et un reflet fantasmé de la lutte des classes, le tout étant assorti d’un érotisme timide et champêtre à la David Hamilton. Mais l’ensemble est trop maladroit et conceptuel pour convaincre. Sans compter que les délires psychédéliques du film, typiques du milieu des années 70, tournent un peu en rond et alourdissent considérablement le rythme du film. Quant au final, il prend la forme d’une grotesque séquence élliptique au cours de laquelle les héros se mettent à vieillir en accéléré… Zardoz restera principalement dans les mémoires pour l’image surréaliste de cette tête géante aux allures de dieu Zeus flottant majestueusement dans les airs, une vision qu’on croirait issue de l’imagination fertile d’un Terry Gilliam.

 

© Gilles Penso

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